Les principaux créanciers du groupe Casino ont accepté les conditions de reprise portées par Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, adossés au fonds britannique Attestor.
Première étape du sauvetage franchie. Le groupe Casino a annoncé le 28 juillet avoir trouvé un accord de principe, la veille, tard dans la nuit, en vue du renforcement des fonds propres du groupe et de la restructuration de son endettement financier. Les créanciers, détenant une part importante de la dette du distributeur (plus des deux tiers du Term Loan B) de quelque 6,1 Mds€ (au 30 juin 2023, dont 5,5 Mds€ en France) ont accepté les conditions de l’offre de reprise du duo formé par le Tchèque Daniel Kretinsky (EP Global Commerce) et Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac), adossés au fonds d’investissement britannique Attestor. Au programme, une recapitalisation de 1,2 milliard d’euros. Le trio apportera 925 millions d’euros et possédera, au final, 53% du capital du groupe Casino. Une conversion de créances en actions est également prévue afin d’effacer 4,7 milliards d’euros de dettes financières. Il est indiqué, qu’ «en toute hypothèse, les actionnaires de Casino seront massivement dilués et Rallye perdra le contrôle de Casino ».
Un calendrier serré jusqu’au T1 2024
L’accord prévoit la conclusion par les parties et les autres créanciers (soutenant l’accord de principe) d’un accord de lock-up contraignant, c’est-à-dire d’un accord aux termes duquel un signataire s’engage à soutenir et réaliser toute démarche ou action raisonnablement nécessaire à la mise en œuvre et la réalisation de la restructuration du groupe. Cet accord de lock-up devra intervenir dans le courant du mois de septembre 2023 (condition suspensive). Il permettra l’ouverture, en octobre, d’une procédure de sauvegarde accélérée et la réalisation effective de toutes les opérations de restructuration au cours du premier trimestre 2024.
Prévisions révisées
Le groupe Casino indique que, compte tenu des dernières évolutions, les chiffres 2023 du business plan présentés le 26 juin dernier ne sont plus d’actualité. Le distributeur s’attend, ainsi, à une baisse de ses ventes en France (environ 2,5%) à 14,9 Mds€ (vs 15,3 Mds€ avant révision). Quant à l’Ebitda, il devrait accuser un recul à 214 M€ (contre 439 M€ avant révision).
Dans un communiqué publié le 27 juillet, le groupe Casino indiquait qu’en France, le chiffre d’affaires retail avait enregistré une baisse de -4,2 % en données comparables au 2e trimestre 2023, reflétant une croissance des enseignes parisiennes et de proximité (+2,6% en comparable) et une baisse des hyper et supermarchés Casino (-15,3% en comparable), incluant l’impact du repositionnement tarifaire (-10% en moyenne). Globalement, sur le 1er semestre, L’Ebitda France Retail à 102 M€, affiche un retrait de -81,2% en lien avec la baisse significative de l’activité et des prix en supermarchés et hypermarchés Casino.
Le plan d’action du consortium
Parmi les leviers clés du trio présenté à périmètre identique, excluant la cession annoncée des magasins à ITM :
. Adopter un positionnement prix EDLP (Every Day Low Price) et s’y tenir sur le long terme, en ligne avec la compétition et en s’adaptant aux différences territoriales ;
. Investir massivement dans la rénovation des magasins et l’emploi afin d’améliorer la qualité de service ;
. Augmenter les dépenses en marketing ;
. Améliorer l’assortiment de produits frais à travers l’ensemble des enseignes, notamment via des partenariats/en concession avec des leaders de leur métier ;
. Refonte de concepts (par exemple Franprix) et test de nouveaux concepts (notamment Cash and Carry) ;
. Développer l’offre MDD pour accroître l’attractivité et la singularité des enseignes en capitalisant sur les forces du groupe (par exemple l’offre textile de Monoprix) ;
. Relancer l’expansion de manière sélective et principalement via la franchise, en accélérant la conversion en franchise des magasins en propre lorsque cela est possible ;
. Accélérer la transition de Cdiscount vers un modèle de marketplace.
Maintenir le siège social à Saint-Etienne
Dans un communiqué commun, les candidats à la reprise ont indiqué que « l’objectif est de maintenir le siège social de la société Casino à Saint-Etienne ainsi que ses effectifs pour porter les défis de croissance de l’entreprise ». Ils assurent également que les entrepôts doivent voir leurs équipes renforcées avec l’objectif de préserver l’emploi sur l’ensemble du périmètre des magasins. Les projets seront mis en œuvre dès la réalisation de l’opération, sous l’autorité d’un nouveau directeur général, Philippe Palazzi, ancien numéro 2 du distributeur Metro, dont Daniel Kretinsky est également actionnaire. Le communiqué précise que Philippe Palazzi « s’appuiera sur l’équipe de management opérationnel de grande qualité de Casino, en particulier Magali Daubinet-Salen (enseigne Casino), Vincent Doumerc (Franprix), Thomas Métivier (Cdiscount) et Guillaume Seneclauze (Monoprix) ».
C.B.