Les data scientists de la fintech CDLK – fondée en 2013, au service des banques de détail qu’elle accompagne dans leur transformation digitale – ont analysé des millions de données anonymisées de paiements par carte bancaire transitant sur la plateforme Big Data PDMP (Payment Data Managment Platform), afin de comparer l’évolution des dépenses des Français avant et depuis le début du confinement. Si certains secteurs subissent de plein fouet les effets de la crise sanitaire, d’autres tirent leur épingle du jeu, comme les commerces de proximité.
« Dès le basculement dans le confinement, le pic de consommation observé est aussitôt suivi d’une chute globale des dépenses, atteignant son point le plus bas fin mars avec un indice divisé par 2 par rapport au 1er mars. A partir du 27 mars, on observe une remontée de l’index global de dépenses de +10%, mais ces résultats restent à nuancer selon les secteurs », précise Benoît Gruet, CEO de CDLK.
La séquence liée au Covid-19 a largement « profité » aux secteurs dits essentiels tels que l’alimentation. L’incertitude des semaines à venir a boosté la consommation des produits de première nécessité créant mécaniquement une pénurie sur certains d’entre eux. Tout au long du confinement, le niveau global des dépenses est resté soutenu dans les supérettes, les supermarchés et les hypermarchés avec un pic de +40% (vs le 1er mars 2020) enregistré lors de la bascule dans le confinement. Une tendance qui se confirme avec le temps, avec des supérettes qui continuent de faire jeu égal avec les grandes surfaces, pour se stabiliser autour de +10% (vs le niveau d’avant le confinement).
L’étude de CDLK souligne, également, l’impact positif des fêtes de Pâques qui ont particulièrement profité aux boucheries-charcuteries, ainsi qu’aux boulangeries-pâtisseries. Ces derniers connaissent alors un niveau d’activité supérieur à la normale (+30%), pour décliner aussitôt après Pâques autour de 70% de leur niveau d’avant confinement.
Après une forte chute (-55%), les dépenses dans les poissonneries retrouvent peu ou prou leur niveau d’avant, à partir de la mi-avril.
Quant aux commerces spécialisés sur la vente de boissons et de vin, après une baisse très significative au début du confinement, elles ont opéré, depuis mars, une lente remontée pour atteindre un volume de 60% par rapport à la normale.
Côté non alimentaire, CDLK observe une remontée constante, à partir de fin mars, de l’ensemble des dépenses liées aux activités autour de la maison (à l’exception des objets). Les sous-secteurs fleurs & jardin et équipement de la maison, notamment, dépasser, au 20 avril, leur niveau d’avant confinement. Idem pour le secteur du bricolage qui regagne, peu à peu, son niveau de vente habituel (80%) grâce, notamment, à l’adoption progressive des commandes sur Internet et du pick & go.
A l’inverse, des secteurs sont beaucoup plus fortement impactés, à l’image d’un quasi-arrêt des dépenses dans les secteurs des cafés, bars et restaurants, dont certains parviennent, toutefois, à maintenir une légère activité de vente à emporter. On note, néanmoins, en avril, une légère remontée dans la restauration rapide avec un volume d’activité qui se stabilise autour de 20%.
Le secteur beauté et bien-être est, lui aussi, fortement impacté. Seule la parfumerie-cosmétique parvient à maintenir une activité de 25 à 30% de son niveau habituel, tandis que les salons de coiffure sont à l’arrêt total et que les enseignes de soins & beauté chutent sous la barre des 20% d’activité dès le 22 mars, dans jamais vraiment remonter jusque fin avril.
Méthodologie : analyse menée sur le niveau de dépenses réalisées par carte bancaire sur un échantillon anonymisé de plus de 150 000 consommateurs réguliers entre le 1er mars et le 20 avril 2020.