Quatre ans après la Loi contre le gaspillage alimentaire (loi Garot du 11 février) et dans le cadre de la promulgation, le 10 février dernier, de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, Comerso vient de publier son Baromètre 2020 baptisé « Anti-gaspillage et valorisation des déchets pour une économie circulaire ». Conduit par Ipsos auprès de 247 patrons et décideurs d’entreprises de trois secteurs d’activité (GMS, GSS et industriels agro-alimentaires), l’étude révèle un essoufflement des pratiques anti-gaspillage en grande distribution et une marge de progression toujours importante en GSS et chez les industriels.
Loi Garot : son application recule en GMS
Globalement, les GMS sont majoritairement convaincues par le bilan de la loi Garot : 78% lui reconnaissent son efficacité sur la diminution du gaspillage alimentaire. Pourtant, seulement 17% des grandes et moyennes surfaces adoptent la complémentarité des actions priorisées dans la loi (contre 28% en 2018 et 6% en 2017). En revanche, la loi Garot est très peu connue chez les industriels – 16% seulement – alors même que son périmètre a été étendu à ce secteur le 1er janvier 2020.
De son côté, la RSE est une finalité qui n’est pas encore acquise. Si cette notion progresse cette année (75% des GMS et GSS déclarent la connaître contre 61% en 2019), 48% des interviewés ne sont pas totalement convaincus de leur rôle à jouer – via leur entreprise – dans la lutte contre le réchauffement climatique et la dégradation des écosystèmes.
S’approprier la loi d’économie circulaire
D’autre part, si les grandes thématiques couvertes par la loi d’économie circulaire sont plutôt bien identifiées par la plupart des acteurs, l’enjeu d’appropriation reste important : 40 % des répondants estiment que la loi ne les concernera pas ou ne le savent pas. Du côté des GSS, 48% des interviewés ne savent pas que l’interdiction de jeter les invendus non-alimentaires est intégrée à la loi, cette mesure étant, pourtant, l’une des plus emblématiques et dont les GSS sont les principales concernées.
Enfin, si la lutte contre le gaspillage reste un enjeu majeur, la mobilisation est en baisse. La note de priorité donnée globalement par l’ensemble des acteurs à la lutte contre le gaspillage s’élève à 7 :10. Mais cette priorité recule en GMS et GSS (-0,9 point par rapport à 2018). Le baromètre constate, ainsi, que 76% des acteurs estiment que la marge de progression reste importante.
Des enjeux identifiés
La RSE est une opportunité de levier économique. L’étude souligne que l’identification de ce lien est probablement l’une des clés principales pour qu’elle soit davantage déployée dans les entreprises.
Pour être efficiente, la lutte anti-gaspi nécessite une mobilisation permanente, au risque de voir s’essouffler les bonnes pratiques, comme c’est le cas, cette année, en GLS et GSS.
Au niveau légal, l’enjeu d’application de la loi Garot dans son intégralité demeure : 17% des GMS seulement appliquent l’ensemble de la complémentarité des actions.
Concernant la loi d’économie circulaire, l’enjeu porte sur l’appropriation, autrement dit comment aider ou mieux faire comprendre cet cette loi concerne toutes les entreprises ? comment l’appréhender comme terrain d’opportunités plutôt que de contraintes ? Il y a, clairement, ici, un enjeu d’éducation sur le terrain important.
Enfin, un accompagnement externe peut être nécessaire pour aller plus loin dans le développement des stratégies et actions anti-gaspi, notamment sur les problématiques de temps de gestion et de pilotage, de sécurité, des traçabilité et d’identification des filières de revalorisation.