Au mois de décembre 2019, les enseignes de l’habillement membres de l’Alliance du Commerce ont enregistré, à périmètre comparable, une baisse de – 3,8 % (internet compris), en phase avec le marché global de l’habillement qui a chuté de – 4% (source : Panel Institut Français de la Mode).
Au-delà de ces chiffres nationaux, des baisses nettement plus importantes pouvant aller jusqu’à 30% du chiffre d’affaires ont été observées dans les centres-villes ou les gares directement impactés par les grèvesdans les transports et les manifestations.
En décembre, tous les rayons sont fortement touchés par la baisse : -3,1% pour l’homme, -3,6% pour la femme, -5,1% pour la lingerie et -4,3% pour l’enfant. Toutefois, sur l’ensemble de l’année, les ventes de vêtements pour homme sont à l’équilibre (-0,2%) tandis que les autres rayons chutent. Les ventes des enseignes de la chaussure ont pour leur part mieux résisté, avec une baisse de 2%.
Pour l’ensemble de l’année 2019, le chiffre d’affaires des enseignes est en baisse de 1,7%, chiffre qui s’ajoute à la baisse de – 4,3% enregistrée en 2018. Depuis 2008, le marché n’a connu qu’une seule année de croissance, en 2017 (+0,6%, essentiellement porté par les ventes en ligne).
Les commerces de centre-ville en difficulté
Les réseaux des enseignes de grande diffusion, composés de magasins de grande taille, généralement situés dans la périphérie des villes, confirment leur capacité à résister à la baisse générale du marché. Leurs ventes sont stables en décembre 2019 (-0,1%). C’est le seul canal de distribution qui présente une évolution positive de ses ventes sur l’ensemble de l’année (+2,2%).
Le chiffre d’affaires des chaînes spécialisées baisse de -4,6% en décembre 2019, et de -2,1% en cumul. Les grands magasins et les magasins populaires ont également été touchés, avec une baisse de -2,9% en décembre et un cumul légèrement négatif (-0,8%).
Année légèrement positive pour la chaussure
Les enseignes de la chaussure ont connu une relative embellie en 2019 avec des ventes en hausse de 1,2%. Cette embellie profite autant aux enseignes de centre-ville qu’aux grandes surfaces spécialisées. Il s’agit de la première hausse du marché depuis 2013.
Le bilan à mi-parcours des soldes laisse entrevoir une baisse importante de l’activité pouvant aller jusqu’à 15% selon les enseignes. Une nouvelle fois, l’activité de janvier est fortement impactée par la poursuitedes grèves et des mouvements sociaux, entraînant une baisse de la consommation des Français. Cette tendance s’inscrit dans un climat de nette baisse de la confiance des ménages confirmée par la dernière enquête de l’INSEE à la fin de l’année 2019, et cela pour la première fois depuis décembre 2018.
Ce recul d’activité confirme également la perte d’attractivité des soldes, au profit d’autres périodes promotionnelles de l’année telles que le Black Friday ou les ventes privées.
Un contexte social pénalisant
Le mouvement des « Gilets jaunes » qui s’est maintenu en 2019, suivi des grèves dans les transports publics et des manifestations contre la réforme des retraites, ont eu des conséquences négatives importantes pour l’activité des commerçants. L’impact est particulièrement marqué pour les enseignes implantées en centre-ville, qui sont également les plus fragiles économiquement. De même, ces événements n’ont pas profité aux ventes sur Internet, dont la faible évolution ne permet pas de compenser les pertes enregistrées sur l’activité en magasin.
Au-delà de la baisse de fréquentation de la clientèle due aux problèmes dans les transports et aux manifestations, les enseignes connaissent depuis le début de l’année des difficultés d’approvisionnement majeures en raison des grèves dans les grands ports français (Marseille, Le Havre, Rouen, etc.). Cette situation est d’autant plus grave que les soldes sont réduits cette année à 4 semaines, et que les nouvelles collections doivent donc arriver rapidement en magasin.
Le blocage de ces ports impose aux enseignes de détourner leurs marchandises vers d’autres ports européens, notamment en Belgique ou aux Pays-Bas, entraînant de ce fait un retard d’approvisionnement des magasins et une hausse importante des coûts de traitement logistique (nécessité de rapatrier ensuite la marchandise sur le territoire français).
« Le bilan de l’année 2019 confirme la dégradation du marché de l’habillement depuis 2008. Ces difficultés conjoncturelles combinées à l’accumulation des années de décroissance du marché de l’habillement soulèvent de très grandes inquiétudes et font craindre une accélération des restructurations du secteur, avec des fermetures de magasins et des suppressions d’emplois. Dans ce contexte, il est urgent que les pouvoirs publics accentuent la mise en œuvre de mesures de soutien à court terme, telles que le report des échéances fiscales et sociales. Au-delà, le Gouvernement doit engager une politique structurelle permettant aux entreprises de s’adapter, intégrant les aides à l’investissement, l’extension des ouvertures dominicales et en soirée, ainsi que la baisse de la fiscalité », a déclaré Yohann Petiot, Directeur général de l’Alliance du Commerce.