L’ObSoCo vient de publier la 4e vague de son Observatoire des consommations émergentes et son bien est clair : malgré la reprise économique, les changements alimentaires continuent et les pratiques émergentes s’ancrent dans le paysage des Français.
"Durant les années de crise, de nouveaux comportements de consommation se sont diffusés, favorisés par l’essor du numérique : consommations « collaboratives » (covoiturage, hébergement entre particuliers, marchés de l’occasion…), circuits courts, « faire soi-même » … En parallèle s’observait la croissance d’une aspiration à consommer mieux", rappelle l’Observatoire.
Au-delà du covoiturage ou de l’hébergement entre particuliers, des pratiques plus confidentielles – comme l’adhésion aux AMAP ou aux réseaux d’achat groupés de produits alimentaires du même type, ou la participation à de systèmes d’échanges locaux (SEL) – enregistrent de fortes progressions. Cette dynamique des pratiques s’inscrit sur un fond de dégradation des attitudes générales des Français à l’égard de la consommation avec, notamment, un nouvel approfondissement de la défiance à l’égard des grands acteurs de l’offre.
Lame de fond
Selon l’ObSoCo, une lame de fond est en train de conduire à la transformation du modèle de consommation, qui s’illustre également par le développement d’une économie de l’usage au travers de la multiplication des formules d’abonnement, et de la consommation de nouveaux services avec l’essor de l’économie on-demand. Deux facettes du nouveau modèle de consommation que l’Observatoire s’est attaché pour la première fois à étudier et qui révèlent une demande latente de simplification du quotidien conjuguée sur le mode de l’instantanéité, associée à un fort potentiel de développement.
Mais derrière la diffusion des pratiques émergentes des fractures se creusent. L’intensité de l’engagement dans ces nouvelles manières de consommer est très marquée socialement, géographiquement et de manière générationnelle. Une avant-garde jeune, cultivée, à l’aise financièrement, sensible aux questions environnementales et très métropolitaine (pour ne pas dire parisienne) creuse l’écart avec le reste de la population. A l’autre extrémité, on entrevoit une autre frange de la population dont la posture critique à l’égard de la consommation et l’adoption de nouvelles pratiques renvoient davantage à une réaction défensive face au sentiment de dégradation de son niveau de vie et au durcissement de la contrainte budgétaire.
Quelques chiffres clés
- Faire ses courses alimentaires dans une grande surface, c’est avant tout un plaisir pour 51 % des Français (une corvée pour 49 %), contre seulement 39 % en 2012.
- La confiance dans les marques se dégrade. Seulement 50 % des Français ont confiance dans les marques. C’est 7 points de moins qu’en 2012. 13 % de leur font pas du tout confiance.
- 26 % des Français se disent très préoccupés par les questions environnementales et écologiques, soit 12 points de plus qu’en 2012.
- 41% des Français (+3 points par rapport à 2012) reconnaissent avoir déjà récupéré des objets jetés ou déposés sur le trottoir, notamment les jours de ramassage des encombrants.
- 23 % des Français (+3 points par rapport à 2012) ont eu recours à une plateforme de type Airbnb pour se faire héberger chez quelqu’un ou louer un appartement d’un particulier au cours des 12 derniers mois.
- 56 % des Français sont engagés dans des abonnements à des produits ou services
(hors « facilités » : logement, énergie, télécommunications, services bancaires). Les produits culturels ou de divertissement arrivent en tête du classement.
L’Observatoire est un dispositif d’enquête auprès de plus de 4000 personnes représentatives de la population française, lancé en 2012, qui vise à appréhender le rapport des Français à la consommation et à mesurer leur engagement dans des pratiques de consommation qui s’écartent des sentiers marchands ordinaires.