Au cours du premier semestre 2017, les ventes de meubles ont légèrement reculé de 0,4% en France selon l’IPEA. Ce résultat semestriel détone après trois années d’une reprise entamée en 2015 et un exercice 2016 en croissance de 2,3%.
Après cinq premiers mois erratiques, les ventes de meubles reculent assez fortement sur le mois de juin. Entre les premières grosses chaleurs estivales et une campagne de soldes plus tardive (une semaine et un week-end de soldes en moins), l’activité n’aura pas réussi à se maintenir. Le marché doit donc composer avec des ventes en valeur en repli de 4,0%. Encore une fois, les meilleurs résultats pour ce mois de juin sont à aller chercher du côté des spécialistes cuisine qui résistent aux aléas du marché. En ce qui concerne les autres circuits, les résultats sont en recul, même du côté de la grande distribution ameublement à la peine sur ce premier semestre 2017. Sur le mois de juin, les enseignes de l’ameublement milieu-haut de gamme pour leur part résistent mieux que d’ordinaire et semblent moins affectées par le décalage des soldes, sans doute grâce à de nombreuses campagnes de ventes privées pré-soldes.
Pour Didier Baumgarten, président de la FNAEM, "Ce léger recul peut s’expliquer par deux facteurs bien précis. D’une part les scrutins électoraux nationaux pénalisent historiquement le marché de l’ameublement, les consommateurs ayant tendance, pour des raisons certes irrationnelles mais néanmoins avérées, à différer leurs principaux achats lors de ces séquences électorales. D’autre part, un effet calendaire négatif sur les soldes d’été, juin comptant un week-end de soldes en moins par rapport à l’année précédente."
Les distributeurs demeurent néanmoins confiants pour l’année 2017, plaçant leurs espoirs dans la bonne tenue du marché immobilier qui, selon le président, devrait constituer ainsi un relais de croissance pour notre marché du meuble. De fait, les mises en chantier sont en hausse de 15,3% sur le trimestre de mars à mai 2017 et les permis de construire de 18,4% sur la période. Sur douze mois glissants, la progression des mises en chantier est de l’ordre de 14,8% et celle des permis de construire de 14,1%. Si l’on compare les cinq premiers mois de l’année 2017 avec les cinq premiers mois de l’année 2014, ce sont en moyenne par mois 7500 logements supplémentaires qui sont mis en chantier et près de 8300 permis de construire supplémentaires qui sont délivrés.
Internet comme allié
S’ajoutent à ce paramètre les bons indicateurs du moral des ménages et, au cours des dernières années, un second semestre régulièrement meilleur que le premier. Il reste également bien orienté et au-dessus de sa moyenne de longue période selon les derniers résultats des enquêtes de l’Insee. Les ménages français ne sont pas dans une logique d’épargne et l’indicateur mesurant l’opinion des ménages quant à l’opportunité d’épargner demeure bien en dessous de sa moyenne de longue période (mesuré à 9 en juillet contre 18 de moyenne). L’indicateur qui mesure l’opportunité de faire des achats importants a progressé de son côté de onze points en juin 2017 et se stabilise en juillet. Il demeure largement au-dessus de sa moyenne de longue période.
Dans ce contexte favorable, le défi majeur des fabricants d’ameublement est de s’installer durablement chez les Français et de s’ouvrir à l’international, notamment grâce à internet. "Dans les deux cas internet est devenu un allié incontournable, c’était d’ailleurs le thème central de notre Assemblée générale de juin : les nouveaux business modèles adaptés à l’économie numérique. Nous partons d’un constat simple, même si pour le consommateur il est toujours important de voir et toucher le meuble, 73% des acheteurs ont comme premier réflexe d’aller sur Internet", affirme Dominique Weber, président de l’Ameublement Français.
Le secteur devrait également profiter du dynamisme actuel de l’immobilier qui devrait soutenir une demande d’équipement. Selon la dernière lettre des notaires de France, ce sont 867 000 transactions qui avaient été enregistrées à fin février 2017 sur douze mois glissants, soit une hausse de 7,7% par rapport à la période précédente. Ce nombre de transactions constatées constitue le point le plus haut jamais enregistré sur le marché, le dernier pic datait de mai 2006 avec 837 000 transactions enregistrées.
A condition, toutefois, que les acteurs, industriels et distributeurs, sachent s’adapter aux nouveaux modes de vie et d’achat pour favoriser des arbitrages en faveur de l’ameublement, comme le souligne Daniel Fontaine, président de l’IPEA :"Les rapprochements d’entreprises, le réel déploiement de stratégies magasins/e-commerce et la création de nouveaux produits ou de nouvelles enseignes montrent que la profession s’adapte au consommateur quel que soit son profil, son budget ou son parcours d’achat ".
Des résultats contrastés
Les ventes de meubles de cuisine enregistrent les meilleures progressions sur le premier semestre 2017, notamment soutenues par les belles performances du marché de l’immobilier.
Le segment du meuble rembourré maintient ses ventes sur ce début d’année 2017. Si les canapés et fauteuils sont en croissance, les meilleures performances de ces produits sont compensées par le fort recul des ventes de banquettes, de plus en plus fortement concurrencées par les canapés convertibles premiers prix.
Une fois n’est pas coutume, la literie marque le pas sur ces premiers mois de l’année 2017. Le segment doit composer avec un léger recul de son activité sur le premier semestre.
En ce qui concerne les meubles de salle de bains, le segment peine encore à tirer profit de la reprise du marché de l’immobilier et voit son activité reculer sur le premier semestre.
Enfin, le meuble meublant pâtit lui aussi sur le premier semestre des performances mitigées du marché. On pourra noter que certaines grandes enseignes nationales ont plutôt tendance ces derniers mois à délaisser ce rayon afin de libérer de l’espace pour des produits plus porteurs à court terme comme la literie ou la cuisine, voire le rembourré. Cette stratégie se ressent sur les ventes du segment qui continuent encore de se réduire alors même que le consommateur cherche des solutions de rangement.