Branle-bas de combat. La découverte, mi-janvier, de présence de viande de cheval dans des plats cuisinés de la marque Findus – des hamburgers et des lasagnes censés contenir du boeuf – a fait boule de neige. L’industriel a annoncé, le 8 février dernier, retirer temporairement des rayons trois de ces recettes préparées à base de bœuf, en assurant que ces produits ne comportaient "aucun risque sanitaire". Il rappelle, au passage, que l’anomalie a pu être identifiée au cours de l’un de ses contrôles Qualité. "Par respect du consommateur et en cohérence avec les valeurs et les standards qualité de la marque Findus, nous avons préféré retirer des rayons les lots concernés" a déclaré Christophe Guillon, directeur des opérations de Findus France.
Fournisseurs européens
Dans la foulée, l’industriel qui se fournit en viande de bœuf auprès du sous-traitant Comigel, une PME basée à Metz approvisionnant au total 16 pays européens, a porté plainte pour "tromperie" contre son fournisseur, désormais dans le viseur des autorités sanitaires. Mais la liste des intermédiaires ne s’arrête pas là. Comme l’a précisé Benoît Hamon, le ministre en charge de la consommation, samedi dernier, dans un communiqué et à la lumière des premières conclusions de l’enquête menée par la DGCCRF sur le circuit de commercialisation : "le fournisseur de l’usine luxembourgeoise de [Comigel, NDLR] est le groupe français Poujol. Celui-ci a acquis de la viande surgelée auprès d’un trader chypriote qui avait sous-traité la commande à un trader situé aux Pays-Bas, ce dernier s’étant fourni auprès d’un abattoir et d’un atelier de découpe situés en Roumanie". A l’heure actuelle, la piste frauduleuse roumaine est privilégiée. La presse locale dénonce un marché de la viande chevaline, en Roumanie, très rentable et aux pratiques souvent douteuses entre clients et fournisseurs. "Cette opération relève avant tout d’une logique financière qui aurait rapporté plus 300K€", a indiqué Benoît Hamon. Une enquête sur cette affaire a été ouverte, a déclaré, samedi soir, le ministère roumain de l’Agriculture.
Cellule de crise
Mais tandis que les résultats des prélèvements effectués par la DGCCRF devraient tomber d’ici le milieu de semaine, le scandale que certains qualifient déjà de "chevalgate" continue de semer la panique au sein des professions de l’agroalimentaire et de la distribution. Suivant l’exemple de leurs homologues britanniques, les distributeurs français ont retiré de leurs rayons treize produits (moussaka, cannellonis, hachis Parmentier, spaghettis bolognaise etc.) de marque Findus ou distributeur, "du fait d’une non-conformité d’étiquetage quant à la nature de la viande" a indiqué la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD). Quant aux doutes sur la traçabilité de produits alimentaires transitant à travers toute l’Europe, Jean-René Buisson, le président de l’Ania l’a d’ores et déjà affirmé ce matin, à l’antenne d’Europe 1 :" nous ne sommes pas responsables de la fraude d’un des nos fournisseurs". Ajoutant que dans cette histoire, "la traçabilité des produits alimentaires n’est pas remise en cause". Une réunion de crise se tient cette après-midi, à Bercy, avec l’ensemble des acteurs de la filière. Cette table ronde organisée par Stéphane Le Foll, Benoît Hamon et Guillaume Garot devrait faire le point sur "l’ampleur des retraits" de produits en magasins et évoquer la question de la traçabilité des viandes ainsi que d’un potentiel renforcement des contrôles sur la chaîne de production.
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