Patrick Ricard, le président du groupe de vins et spiritueux Pernod Ricard, est décédé soudainement vendredi 17 août dernier. C’est ce qu’a annoncé, dans un communiqué, la famille, le conseil d’administration et la direction générale de Pernod Ricard. Le personnel de la SA Paul Ricard et les 18 000 collaborateurs du groupe Pernod Ricard s’associent à la douleur de la famille.
C’est en 1967 que Patrick Ricard rejoint la société Ricard, fondée en 1932 par son père, Paul Ricard, l’inventeur du Pastis. Il en devient directeur général en 1972. Le groupe Pernod Ricard voit le jour en 1975 avec le rapprochement des sociétés Ricard et Pernod dont il est nommé directeur général, puis Pdg, en 1978. Patrick Ricard quitte ses fonctions exécutives à la tête de Pernod Ricard en novembre 2008 tout en conservant la tête du conseil d’administration. C’est son bras droit, Pierre Pringuet, qui lui succède alors en tant que directeur général. Un duo qui a mené, dès les années 80, la phase d’internationalisation du groupe. A l’époque Pernod Ricard réalise 83% de ses ventes en France. Pour consolider son développement en dehors de l’Hexagone, le groupe crée d’abord un réseau de distribution en propre. Il ouvre, ainsi, ses premières filiales en Europe de l’Est puis, dans les années 1985-1990, en Asie. Après une stratégie de diversification, Pernod Ricard opère, en 2001, un recentrage sur son coeur de métier : les vins et spiritueux. Les 10 ans qui suivent sont marqués par une politique de croissance soutenue. Plus de 20 milliards d’euros sont investis, tout d’abord dans l’acquisition d’une partie des actifs de Seagram (2001), puis avec le rachat d’Allied Domecq (2005) et, enfin, la privatisation par l’Etat suédois de Vin&Spirit (2008). Aujourd’hui, Pernod Ricard est présent dans plus de 70 pays. Patrick Ricard a ainsi transformé l’entreprise familiale en un groupe international pesant 7643 millions d’euros de chiffre d’affaires (multiplié par 4 en 10 ans). Un groupe devenu co-leader mondial des vins et spiritueux et leader mondial des spiritueux premium avec un portefeuille de marques de dimension internationale : la vodka Absolut, l’anisé Ricard, les scotch wiskies Chivas Regal, Ballantine’s, The Glenlivet, Royal Salute, le cognac Martell, le rhum Havana Club, le gin Beefeater, la liqueur Malibu, les champagnes G.H.Mumm et Perrier-Jouët…
Eloges unanimes
Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances, a fait part de sa grande tristesse à l’annonce du décès de Patrick Ricard : "Son départ est une lourde perte pour la communauté des entrepreneurs français, dont notre pays a tant besoin en cette période de crise économique et sociale".
L’Association nationale des industries alimentaires a, elle aussi, fait part de sa grande tristesse face à ce décès brutal. Patrick Ricard était administrateur de l’Ania depuis de nombreuses années, "il en était un acteur essentiel, notamment par sa fidélité sans faille et son approche toujours constructive des dossiers", indique l’Ania dans un communiqué. Selon Jean-René Buisson, président de l’Ania, "nous perdons avec Patrick Ricard une figure emblématique de l’industrie agro-alimentaire française".
Sylvie Henon-Badoinot, présidente de la Fédération française des spiritueux (FFS), ainsi que l’ensemble des membres du conseil d’administration ont également fait part de leur profonde émotion : "C’est une très grande perte pour la famille des spiritueux dont il a toujours porté haut les couleurs. Il défendait, notamment, le principe d’une consommation maîtrisée. Chef d’entreprise mais aussi visionnaire, il était un exemple pour nos entreprises des spiritueux dont il a été un grand ambassadeur".