La pilule passe décidément mal. Basé à Châteaulin (Finistère), le groupe familial Doux, connu pour sa marque Père Dodu, a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Quimper, vendredi dernier. Cette décision prise sur la demande de Charles Doux, propriétaire à 80% de l’entreprise, au nez et à la barbe du gouvernement et de la banque Barclays qui négociaient un apport de 35 M€ au profit du volailler, a provoqué la colère de l’Etat et de ses créanciers. Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture a ainsi condamné, dans un communiqué, la "décision personnelle" du patron de Doux, rappelant au passage que "le ministère du Redressement Productif s’est mobilisé sans relâche pour trouver une solution équilibrée permettant le maintien de l’activité du groupe et la sauvegarde de ses 4 000 emplois". Même discours du côté de la banque Barclays qui s’est déclarée "extrêmement déçue par la décision de M. Doux d’abandonner les discussions en cours et de déposer le bilan. Cette décision a été prise unilatéralement, sans consultation des parties prenantes travaillant au sauvetage de l’entreprise. " De son côté, le groupe Doux assure, cependant, "mettre en place un plan d’aide destiné aux fournisseurs stratégiques et aux éleveurs afin qu’ils ne subissent aucune difficulté" et assurer la "continuité opérationnelle et la livraison de ses clients" durant la première période d’observation de six mois prévue dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire.
Donnant-donnant
Un discours manifestement peu convaincant pour Stéphane Le Foll qui, au micro d’Europe 1 lundi 4 juin, renouvelait ses attaques contre Charles Doux : "On ne peut pas dire que depuis des années et des mois, il ait montré beaucoup de pertinence dans ses choix industriels et ses choix stratégiques". Le ministre, qui a envoyé dans la journée deux animateurs de la cellule d’appui à la filière volaille au chevet de Doux, a assuré que cette nouvelle aide de l’Etat se ferait sous conditions :"comme on le dit souvent : du donnant-donnant" a-t-il ajouté, s’interrogeant sur le maintien de l’actuel pdg à la tête du groupe. En attendant, la priorité, pour le gouvernement, reste le soutien aux éleveurs, et de s’assurer que ces derniers seront bien payés et que leurs contrats seront signés et respectés. "Nous ferons tout pour faire en sorte d’éviter une catastrophe économique, sociale et industrielle, pour donner une pérennité à l’emploi et à l’élevage de volailles dans le Grand Ouest", a assuré Stéphane Le Foll. Plombé par une dette de plus de 430 M€, le groupe Doux compte 3 400 employés en France et travaille sous contrat avec près de 800 éleveurs.
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