Chérie, je t’invite à dîner à l’hyper. Au rythme où évolue le marché du retail, cette phrase n’aura plus rien de saugrenu d’ici quelques années. “Il n’était pas évident, non plus, d’aller acheter des bijoux chez Leclerc… qui est devenu le premier bijoutier de France”, rappelle Yves Marin, senior manager chez Kurt Salmon. L’offre prime sur la demande. Et l’urgente nécessité de créer du trafic oblige les retailers à expérimenter de nouveaux concepts. Leur principale source d’inspiration? La restauration qui, malgré la crise, reste une promesse de développement économique et de rentabilité. Avec un résultat net oscillant entre 3 et 4 points pour la restauration rapide et de 6 à 7 points pour la restauration assise, l’on comprend pourquoi le secteur attire tant les distributeurs dont les marges plafonnent à 1,5%. “Longtemps, la restauration a regardé ce qu’il se passait en magasin. Aujourd’hui, c’est le contraire, parce que le consommateur a le choix, en moyenne, entre huit points de vente différents”, indique Patricia Rebillard, déléguée générale de l’ETF. L’échec du rayon produits frais traditionnels (boucherie, poissonnerie, fruits et légumes) pour lequel les contraintes de supply chain et de personnel inhérentes à la vente assistée auront eu raison de sa rentabilité, a appris une chose aux distributeurs: la croissance ne se fera plus sur les produits à stocker mais sur la consommation sur place ou à emporter. Tables, chaises et mange debout ont donc fait leur entrée dans les hypermarchés. Objectif: faire rester les gens le plus longtemps possible sur le point de vente. “Les distributeurs ont un lieu qui draine du passage, de la fréquentation et de la diversité de clientèle. Ils font donc en sorte de mettre tous les atouts pour lui faire passer un bon moment”, résume Rodolphe Bonnasse, directeur général de CA Com. Toutes les idées sont bonnes à prendre.
Frontières poreusesDans d’autres pays du monde, le principe de restauration dans l’espace de courses