Une centaine de salariés du hard-discounter Dia sont descendus dans la rue, début juin, pour défendre leurs emplois. Le groupe espagnol a, en effet, annoncé, en mai dernier, la cession de 865 magasins français. Motif? Le manque de rentabilité des activités françaises et des ventes en repli de 11% en 2013. Si le cas Dia – et plus globalement celui du hard discount, en déclin dans l’Hexagone, depuis 2009 – est particulier, la situation est suffisamment grave (7?500 salariés sont concernés) pour que Bercy s’y intéresse. Elle illustre le climat social dans lequel évolue actuellement la grande distribution. Suppression de postes chez Auchan, grèves des salariés dans les entrepôts de Lidl et d’Intermarché: la fébrilité du secteur va de pair avec la tension économique du marché. Comme le rappelle Pierre Biscourp, directeur de la division Commerce de l’Insee: “les années où les marges des entreprises étaient garanties relèvent du passé”. Le modèle de la distribution, dominé, depuis plusieurs années, par la guerre des prix, serait-il à bout de souffle?
Changement de modèlePremier constat: le business model initial du secteur est bouleversé. “À l’origine, le modèle de la grande distribution était fondé sur quatre éléments essentiels: une croissance forte permettant d’amortir les coûts fixes, un coût du foncier peu élevé car situé en périphérie, des délais de paiement permettant de financer les investissements initiaux, ainsi que des taux d’intérêt élevés générant des produits financiers significatifs”, rappelle Jacques Creyssel, président de la FCD. On ne retrouve plus aucun de ces éléments aujourd’hui. Côté croissance, pas de miracle à attendre: la Banque de France confirme sa prévision