Bars gourmands, corners à soupes, fumoirs à saumon ou, encore, pâtes fraîches fabriquées sur place… L’alimentaire, sous toutes ses formes, reprend ses lettres de noblesse dans les rayons des hypermarchés. Fini l’âge d’or du textile. Oubliées, les promesses de la high-tech ou de l’électro-ménager. Face au recul de la catégorie non-alimentaire (à -0,9% en 2014 tous secteurs confondus, selon Gfk), les enseignes misent sur une valeur sûre: le food. Résilient, le marché affiche une croissance de 0,6% en valeur et de 0,7% en volume en 2015. Signe qu’en dépit des baisses de prix pratiquées par les enseignes, le montant du panier d’achat des ménages a légèrement progressé. “Les consommateurs ont profité de la redistribution du pouvoir d’achat pour monter en gamme et acheter des produits plus chers”, observe Gaëlle Le Floch, strategic insight director chez Kantar. Le bio, les produits sans et les marques nationales ont été préférés aux MDD et circuits discount, en perte de vitesse en France. Pas étonnant, alors, que Lidl ait accéléré sa mue vers une sophistication de son offre. “Des bons prix, oui, mais des bons produits, d’abord”. Tel est le nouveau slogan du discounter qui fait de la qualité et du Made in France ses chevaux de bataille. Et pour cause.Entre crises alimentaires et émissions culinaires, les Français ont rehaussé leur niveau d’exigence. “Les consommateurs ont un besoin accru de transparence. Lorsqu’ils ont découvert qu’on leur a vendu du cheval pour du bœuf qui provenait de circuits opaques européens et non du producteur près de chez eux, ils ont manifesté un regain d’intérêt pour des produits plus simples, sans additif, de préférence locaux”, analyse le sociologue Éric Birlouez. Une aubaine pour les distributeurs qui y voient un sérieux vecteur de valorisation de l’offre alimentaire… Et une réponse aux attentes de leurs clients. Dans le centre commercial Parly 2, à Versailles, Auchan a décliné une version “Gourmande” de son magasin Simply Market, adaptée à sa zone de chalandise CSP+. “Nous avons enrichi notre gamme standard avec des références premium et des produits frais”, explique la directrice de la communication de l’enseigne. Le supermarché, réputé pour ses petits prix, propose ici des fruits et légumes découpés sur place, des soupes et des jus de fruits pressés à la demande. “Il reste des poches de développement de la méta-catégorie alimentaire qui tend à la fois vers les produits premium et les spécialités culinaires”, confirme Yves Marin, senior manager chez Kurt Salmon. Quitte à investir dans des métiers qui vont au-delà des frontières du libre-service, à savoir: la restauration.
Un marché fragiliséCar, ne nous y trompons pas. Si les PGC se portent bien dans la grande distribution, c’est, avant tout, parce que les retailers ont bénéficié d’un important transfert de parts de marchés de la restauration hors foyer (RHF) vers le libre-service. “Depuis la crise de 2009, les Français ont réduit leurs sorties au restaurant – voire n’y vont plus du tout – et préparent plus souvent leur repas chez eux ou mangent à la gamelle”, commente Maria Bertoch, spécialiste du Foodservice Europe chez NPD Group. À date, les visites des établissements de restauration hors domicile sont négatives, à -0,9% par rapport à 2014. Aux facteurs conjoncturels s’ajoutent des difficultés structurelles. “La RHF est un marché saturé, avec un nombre de points de vente qui se multiplient et un chiffre d’affaires par point de vente qui tend à baisser d’année en année”, indique Florence Berger, consultante chez Food Service Vision. Atomisé, le secteur subit de plein fouet la concurrence. “Comme cela s’est passé avec Uber, sur le marché des taxis, l’arrivée de nouveaux acteurs et des chaînes spécialisées a fait réfléchir les consommateurs sur la qualité de leurs restaurants et rebat les cartes à un moment où les distributeurs sont