Allées désertes, prix cassés, le rayon non-alimentaire des hypermarchés fait grise mine. Textile, électroménager, biens techniques, livres : depuis cinq ans, la courbe des ventes de ces produits qui occupent, en moyenne, 30% à 50% de la surface des magasins mais ne représentent qu’un tiers du chiffre d’affaires des enseignes, s’effondre. “Le non-alimentaire est au cœur de notre désespoir”, déclarait, ainsi, Georges Plassat, le pdg de Carrefour, lors d’une conférence de presse donnée par le groupe, en août 2012. Dix mois plus tard, la donne n’a pas changé. Malgré la volonté de l’ex-patron de Vivarte, le spécialiste de l’habillement, d’installer des cabines d’essayage dignes de ce nom et un service client renforcé au rayon textile, les clients passent mais ne s’arrêtent pas. “L’hypermarché reste un magasin de destination alors que le textile incarne, à l’inverse, l’achat d’impulsion”, note Aude de Moussac, manager chez KurtSalmon. En clair : l’hyper ne fait pas rêver. Certes, la catégorie non-alimentaire, première victime des coupes budgétaires, n’échappe pas à la “crise globale de la consommation” ni à “l’érosion du pouvoir d’achat des ménages” qui impactent la fréquentation des centres commerciaux et des magasins, selon Pascal Madry, directeur de Procos. Après avoir enregistré un repli de 0,1% sur l’année 2012, le commerce spécialisé a vu ses ventes dégringoler de 5% en février puis de 7% en mars dernier, indique la fédération. Une spirale déflationniste qui touche aussi les hypermarchés où le non-alimentaire a reculé de 8%, selon SymphonyIri, en mai 2013. “La déshérence de ces rayons est venue chahuter l’équation économique des enseignes de manière très significative et impacter leur chiffre d’affaires” indique Rodolphe Bonnasse, directeur de CA.Com. Au premier trimestre 2013, les ventes de Géant Casino, à magasins comparables, accusent un recul de 9,7%, impactés par des ventes non alimentaires qui “évoluent de manière négative”, précise le groupe. Fruit de la conjoncture ou mal viscéral ?
Le boulet de l’hyperStructurellement, le non-alimentaire coûte cher. Pire, il fait aujourd’hui perdre de l’argent aux enseignes. “Les coûts associés à cette catégorie sont supérieurs à ceux de l’alimentaire. Les rotations unitaires sont plus faibles, ainsi que le rendement au mètre carré par linéaire. En bref : c’est plus de contraintes pour moins de chiffre d’affaires”, résume Yves Marin, senior manager chez KurtSalmon. Entre le service après-vente, les démarques saisonnières, les coûts de personnel, sans compter la casse, les retours et les vols, les charges s’accumulent sur les produits non alimentaires. Tandis que la marge brute, sur certaines catégories telles que le gros électroménager ou l’électronique se réduit à peau de chagrin.