5?000 emplois de moins en 2013, c’est la menace brandie par Jean-René Buisson, le président de l’Ania, si “la course effrénée aux prix le plus bas” menée par les distributeurs ne s’arrête pas. Devant le repli de 14,3% marqué, depuis 2008, des marges de l’industrie agroalimentaire, Alexander Law, directeur économie et innovation de la fédération, s’alarme: “Les fournisseurs meurent déjà à petit feu. En écrasant les prix, on accélère le processus. Pour preuve, nous ne comptons déjà plus que 495?000 salariés dans le secteur contre 500?000 en 2011”. Et comme toujours, ce sont les plus fragiles qui trinquent. En l’occurrence, les PME qui, bien souvent, et contrairement aux grands groupes, ne peuvent compenser l’atonie du marché français par leurs activités à l’international.
Le juste prixLe producteur breton Hénaff accuse, ainsi, en 2012, un recul de ses ventes sur son célèbre pâté éponyme de 2,1% en valeur et 1,1% en volume. La dégradation de son chiffre d’affaires, Loïc Hénaff, prédisent du directoire du groupe, l’attribue clairement à la guerre des prix à laquelle se livrent les enseignes, à coups de publicités comparatives: “Les distributeurs prennent les produits emblématiques de chaque rayon et les font entrer dans leur comparateur de prix. C’est un cercle infernal où chacun se positionne moins cher que l’autre”. Le fabricant, lui, ne vend pas plus. À ces pratiques déflationnistes, les industriels veulent opposer la notion de prix juste. “Quand je vois des producteurs de porcs qui souffrent terriblement, je me dis que nous sommes dans une situation fragile et qu’il est temps de retrouver le prix juste, permettant à toute la filière de travailler normalement et d’investir”, affirme Loïc Hénaff. Selon l’Ania, relever, par exemple, les tarifs des fournisseurs de 1% ne ferait perdre aux consommateurs que 0,1 point sur leur pouvoir d’achat. Un effort supportable, aux yeux de la fédération, qui ajoute que les dépenses alimentaires ne représentent, aujourd’hui, que 10,1% du budget moyen des ménages. “Nous voulons que le consommateur reçoive comme signal prix que les produits alimentaires ont une