Pour sa 10e édition, l’Université d’été de GS1 France s’est penchée sur un sujet passionnant: “Vies virtuelles, Vies connectées: miroir de nos identités?”. L’occasion de faire le point sur les connexions entre le monde numérique et le monde réel, au carrefour des préoccupations des retailers, des marques et des consommateurs. Un éclairage pertinent, décalé, insolite, prospectif, brillant, porté par des acteurs venus d’horizons différents: économie numérique, spécialiste de l’immersion virtuelle, philosophe, psychanalyste, neurophysiologiste, juriste… De quoi identifier les mécanismes permettant de réussir une bonne transition de la réalité virtuelle à la réalité, sans décevoir ni désenchanter.
“Cette distinction entre réel et virtuel, qui nous est utile dans un certain nombre de contextes et de situations, curieusement, ne correspond à aucun fondement conceptuel, philosophique et peut-être même pratique. C’est un peu provocateur, mais il y a de bonnes raisons à cela”, avance Stéphane Vial, maître de conférences en design et cultures numériques à l’Université de Nîmes, docteur en philosophie.Pour cela, il faut aller faire un petit tour du côté de la perception. Que se passe-t-il dans notre rapport perceptif à la question numérique? “On peut dire, d’un point de vue phénoménologique, que le numérique a introduit un traumatisme perceptif, précise-t-il. Lorsque dans les années 90, avec le Web, les êtres virtuels au sens informatique du terme, sont apparus, cela nous a troublés. C’était des perceptions inédites. Il a fallu mettre un mot là-dessus; on a appelé ça virtuel”. Pourtant, le mot virtuel a 2?000 ans d’histoire en philosophie et ne s’est jamais opposé au mot réel. Cette division n’existe que depuis 20 ans. Pourquoi coupe-t-on le monde de cette façon? C’est sûrement un indicateur d’un élément de notre vécu qui est perturbé. Un choc perceptif trop grand. “Mais, du coup, on a même besoin de croire en cette division, sinon on perd ses repères”, souligne Stéphane Vial. On a donc opposé deux mondes. On a associé au virtuel un monde simulé informatiquement, fondé sur du logiciel et de l’abstraction, coupé du corps, loin de la vérité: c’est l’URL, la pilule rouge de Matrix, l’intérieur de la caverne de Platon, les avatars… Quant au réel, lui, il est considéré en dehors de l’URL: c’est l’IRL-In Real Life (vraies rencontres initiées sur le web), un monde qui produit physiquement, qui est basé sur