Qui, dans les années 70, se serait un jour imaginé manger des sushis? Cet argument, les entreprises qui vendent des nouveaux produits alimentaires l’utilisent souvent. “Notez que lorsque les pommes de terre sont arrivées en France au XVIIe?siècle, les Français n’en voulaient pas…”, rappelle Gérard Apfeldorfer, président d’honneur du Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids (G.R.O.S). Les goûts et les usages changent, soit. Mais introduire dans notre alimentation des ingrédients qui n’en ont jamais fait partie est un difficile pari à relever. Insectes, algues ou végétaux inconnus au bataillon (le yerba maté) sont, pour l’heure, réservés à un public averti. Mais c’est pour mieux pouvoir en sortir, en temps voulu, d’après Éric Mourouvin, le directeur marketing d’Algama, entreprise spécialisée dans l’utilisation des micro-algues à des fins alimentaires: “la révolution alimentaire va être incroyable et probablement plus que la révolution digitale que nous avons vécue ces 10-15 dernières années.” Et le monde des micro-algues serait un moteur de cette révolution.
Mayonnaise aux alguesL’océan remplacera-t-il nos champs? ”L’univers marin recèle des ressources incroyables. On y trouve des centaines de millions de micro-algues qui ouvrent tout un champ de possibles. Notre savoir-faire est de s’en servir et de les intégrer dans les produits alimentaires”, explique Éric Mourouvin qui met un point d’honneur à ne pas faire d’Algama une entreprise manifeste du pro-veganisme: ”nous voulons nous adresser à tout le monde, pour les besoins du quotidien”. La société qui vient de fêter ses trois ans s’appuie sur un laboratoire de recherche au sein du Genopole d’Evry et travaille en partenariat avec une équipe du CNRS spécialisée dans l’étude et la conservation des micro-algues. La