Elles s’invitent au cœur des négociations commerciales depuis quelques années. Mais cette fois, elles font malheureusement figure de VIP. Les matières premières agricoles sont l’objet de toutes les discussions. Face à la flambée des cours, les industriels subissent des hausses importantes de leurs coûts de production qu’ils tentent de répercuter sur leurs prix de vente aux distributeurs. Si l’argument a pu, parfois, être utilisé à tout va pour faire monter les enchères au jeu de la négociation, cette fois, la réalité rattrape les acteurs. Les matières premières agricoles (MPA), céréales (blé, maïs) et oléagineux (colza, tournesol, soja), ont connu une forte hausse entre juin et décembre2012. À l’origine: une sécheresse historique aux États-Unis qui a affecté de manière extrêmement importante le maïs dont le pays fournit 40% de la production mondiale. Et comme les MPA sont toutes liées entre elles, l’effet s’est propagé à l’ensemble des marchés. Cette interaction est liée à deux facteurs. D’abord, à la substitution possible du maïs par du blé dans certaines filières. Mais aussi, et c’est relativement nouveau, à la corrélation entre toutes les matières premières, agricoles ou non, et entre les différentes classes d’actifs. “C’est là qu’intervient l’influence de la financiarisation des marchés où il existe une corrélation entre le blé, le pétrole, les marchés action ou les marchés de taux d’intérêt”, souligne Michel Portier, président d’Agritel. En sachant que la spéculation ne fait qu’accompagner et amplifier les mouvements. Ce sont bien les fondamentaux (climatiques, par exemple) qui guident le marché.
Weather marketPuis, à partir de décembre2012, on a assisté à un repli des cours de MPA, essentiellement alimenté par deux facteurs. D’abord par la hausse de l’euro qui, de fait, “a pesé sur les prix au niveau européen dans la mesure où nous sommes essentiellement exportateurs de céréales. Nous avons donc perdu en compétitivité sur la scène internationale”, ajoute-t-il. D’autre part, les fonds financiers se sont retirés des MPA en décembre pour se reporter sur les marchés action. “Ils ont jugé que l’essentiel de la hausse avait été réalisé sur les MPA ces 6 derniers mois et ils ont pris leurs profits avant la fin de l’année, ne serait-ce que pour les intégrer dans leur bilan”, précise Michel Portier. Cette baisse s’est poursuivie en janvier et février pour atteindre, désormais, une certaine stabilisation. Et demain? “Nous sommes en plein