On reconnaît tous la petite boîte bleue qui cartonne dans le rayon lait. En un an, “C’est qui le patron?” a vendu 20millions de litres dans cet emballage au sobre design et à la promesse efficace: donner le pouvoir au consommateur. De manière très simple, ce sont les internautes qui choisissent les caractéristiques du produit et le prix qu’ils sont prêts à payer. Parmi les cases cochées, la rétribution des producteurs au juste 
prix a fait recette. L’approche détonnante a fait le buzz sur les réseaux sociaux et les ventes ont suivi. Pour cette année, une trentaine de millions de litres devraient s’écouler. A l’origine de cette marque, une rencontre. “Nicolas Chabanne et moi, nous nous découvrons voici quatre ans et faisons un premier essai de questionnaire pour que les consommateurs définissent le produit qu’ils souhaitent”, raconte Laurent Pasquier, fondateur du moteur de recherche mesgoûts.fr. Présentation détaillée aux distributeurs et refus en masse. Quelques mois plus tard, en 2014, Nicolas Chabanne lance “les gueules cassées”, un succès en 
rayon et une large audience dans la presse. Retour chez les enseignes, gagnant cette fois-ci, avec Carrefour qui est séduit par l’idée. Trois hommes ouvriront la porte au trublion de la consommation: Jérôme Bédier, le secrétaire général et support des premières heures à la suite des “gueules cassées”, Bertrand Swiderski, directeur RSE du groupe et surtout Marc Delage, le directeur de la catégorie lait du groupe qui initie les rencontres avec les producteurs. L’histoire n’aurait pas non plus abouti sans le volontarisme de Martial Darbon, producteur de 57 ans, à la tête de 50 vaches et président de la coopérative Bresse Val de Saône. En pleine crise du lait en 2016, il regroupe 51 collègues et va voir le patron d’un magasin Carrefour pour décrire “leur situation désespérée”, commente Emmanuel
