Il s’inscrit dans l’air du temps. Segment de niche, longtemps cantonné aux rayons des magasins spécialisés, le bio s’invite désormais dans tous les linéaires de la grande distribution. Et rares sont les industriels qui n’ajoutent pas une déclinaison bio à leurs gammes existantes. Comment ce petit marché, qui ne représente que 2% de l’alimentaire français, est-il devenu la coqueluche des marques? Essentiellement, parce qu’il fait parler de lui:”Il y a une disproportion entre la part de voix du bio dans les médias et sa part de marché réelle”, souligne Yves Marin, senior manager chez KurtSalmon. Car le bio n’est pas un marché comme les autres. Il ne se résume pas à vendre des produits: il véhicule une idéologie et des valeurs, jusque-là portées par les militants écologistes, mais que le Grenelle de l’Environnement a remis sur le devant de la scène en 2007, à travers une politique favorable au développement de l’agriculture biologique.
Combat politiqueSujet brûlant, l’avenir de l’agriculture biologique continue pourtant de diviser le monde agricole et scientifique. “S’il faut reconnaître le rôle du bio dans la préservation de l’environnement et pour tirer la sonnette d’alarme vis-à-vis des excès de l’agriculture intensive, son impact demeure négligeable car il ne s’agit que d’une niche sur 3,5% du territoire éparpillée en confettis sur l’Hexagone”, affirme Daniel Tirat, chercheur à l’Inra. Des chiffres bien loin d’avoir atteint les objectifs de 20% de surface agricole utile (SAU) en 2020, fixés par le Grenelle de l’Environnement et qui, pour certains, sont le reflet d’une agriculture marginale, fragilisée par l’absence systématique de traitements phytosanitaires et dont les rendements actuels restent bien en deçà de ceux de l’agriculture conventionnelle.Faux débat, selon Matthieu Lancry, agriculteur bio dans le Nord-Pas-de-Calais, pour qui les capacités de productions de l’agriculture bio ne sont pas à mettre en cause mais plutôt un soutien politique insuffisant: ”Si demain on avait un message très clair des politiques, l’ingénierie financière suivrait”, assure-t-il. Même son de cloche du côté de la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (Fnab). Balayant