Le défi du commerce associé

Meilleure gouvernance, résultats supérieurs au retail en franchise, attrait du modèle: le commerce coopératif et associé semble le choix de statut le plus performant. Malgré ses avantages, le secteur souffre pourtant d’un gros frein à son expansion par rapport au commerce traditionnel: sa capacité d’exportation. Une vraie interrogation pour les représentants du secteur: “Si l’on respecte le modèle coopératif, il est plus difficile pour nous d’investir à l’étranger. Si nous voulons nous implanter sur un nouveau marché, c’est tout notre modèle que nous devons exporter sur place: trouver des entrepreneurs indépendants, les former à notre modèle, leur proposer le même mode de gouvernance explique Éric Plat, président de la FCA. Par ailleurs, ce n’est pas simple de demander à des entrepreneurs français de se projeter dans des pays qu’ils ne connaissent pas, même avec le soutien de leurs pairs sur leur territoire d’origine.”Cette lourdeur est l’une des explications qui permettent de comprendre que Carrefour et Auchan ont toujours été les pionniers de la grande distribution française à l’étranger, nettement devant Leclerc, Intermarché ou Système U. Les enseignes coopératives/associatives françaises contournent cette difficulté en nouant des “partenariats”. Intermarché est à la pointe dans le domaine en quadrillant le territoire européen via des alliances avec des enseignes locales, et a installé deux centrales d’achat (une pour l’alimentaire, et une pour le non-alimentaire) en Europe.Un frein oui, un problème nonHors grande distribution, les enseignes spécialisées ont encore plus de mal à s’internationaliser… Si tant est qu’elles en ressentent le besoin, ce qui est loin d’être une généralité. Malgré tout, certains tirent leur épingle du jeu: Intersport est ainsi présent à l’international depuis… 1959 (à une époque où l’enseigne s’appelait encore “La Hutte”). Le groupe est aujourd’hui présent dans 63 pays et réunit 5?630 points de vente (!) pour le plus beau succès à l’international d’une enseigne coopérative.Mais si la chaîne de matériel de sport grand public est l’exception qui confirme la règle, rien n’indique que le manque de capacité de déploiement rapide hors des frontières hexagonales soit un problème important pour le modèle coopératif. Dans la grande distribution notamment, les échecs des grandes enseignes françaises et leur désengagement relatif comme ceux de Carrefour de la Colombie ou de la Grèce, n’incite pas au regret. “La complexité d’implantation est certes un frein, mais c’est peut-être aussi un facteur qui nous évite de nous “emballer’’ sur des marchés qui ne seraient pas aussi prometteurs qu’attendus” analyse même le président de la FCA. Commerçant associé Un statut à part Petit rappel des grands principes du commerce coopératif et associé, qui font la stabilité du modèle et l’attachement de ceux qui optent pour ce dispositif:• “Un homme une voix”: principe clé de la démocratie version commerce coopératif, le dispositif donne le même poids à tous les membres de la coopérative lors des assemblées générales, indépendamment de leur poids économique, et non pas en fonction de la proportion de leur poids dans l’actionnariat, ni même de leur ancienneté.• Une gouvernance horizontale: comme les propriétaires de magasins sont tous copropriétaires de l’enseigne, la prise de décision est collective. Leur participation active à la vie de la coopérative, en plus de la gestion d’un magasin, est exigée.• Une entrée liée à un projet: il ne suffit pas d’investir des fonds. Tout aspirant à la coopérative doit pouvoir présenter un dossier porteur des valeurs de l’enseigne qu’il désire rejoindre. Beaucoup de nouveaux entrants sont d’ailleurs d’anciens salariés d’un magasin, des enfants d’associés, ou des entrepreneurs “parrainés”.• Un engagement de long terme: rejoindre une coopérative est une démarche à durée indéterminée, ce qui différencie ce statut de la franchise où le contenu du contrat doit être renégocié périodiquement.

Le défi du commerce associé

Internationalisation