Objectif du philosophe: réfléchir à la fois sur l’esprit du capitalisme et sur l’esprit des coopératives afin d’essayer d’en penser le rapport, les différences mais, aussi, les analogies. Et ça démarre fort: “Le capitalisme est en crise. La morale est à la mode. D’où la tentation, chez certains, de compter sur cette mode de la morale pour sortir de la crise”, souligne malicieusement André Comte Sponville, citant Michel Rocard pour qui la principale cause de la crise est le manque de morale des banquiers et, de l’autre, Nicolas Sarkozy pour qui la sortie de la crise passe par la moralisation du capitalisme. “Bref, la morale serait, à la fois, l’origine de la crise, par défaut de morale, et l’issue de la crise par retour à la morale, ajoute-t-il. C’est peut-être beaucoup demander à la morale. Attention à la bulle éthique?!”. Car enfin, si la société capitaliste a besoin de morale, ne serait-ce que pour créer de la confiance, compter sur la morale pour réguler le capitalisme ou pour éviter les crises, c’est se raconter des histoires. “Et les entreprises coopératives le savent bien. Elles ne sont pas fondées sur la générosité, l’amour ou la charité, mais sur la solidarité”.
Le capitalisme est-il moral?Qu’est-ce que le capitalisme? Un système économique servant à fabriquer de la richesse et à la faire circuler, fondé sur 3 caractéristiques: la propriété privée des moyens de production et d’échanges; la liberté du marché; et le salariat. Est-il moral? “Bien sûr que non. Et pour deux raisons. D’abord parce que pour être moral ou immoral, il faut être un sujet, un individu, un humain. Un système impersonnel comme le capitalisme ne peut être ni moral, ni immoral. Il est amoral en donnant au préfixe “a” son sens purement privatif”, souligne le philosophe. La morale est donc sans pertinence pour décrire ou expliquer quelque processus économique que ce soit. Par exemple, le prix d’une marchandise n’est pas fondé sur la morale. Pour un marxiste, il serait fondé sur le temps de travail moyen socialement nécessaire à sa