Pour satisfaire ces Dames, le bonheur des distributeurs se joue, lui, en coulisses. Certes, l’âme d’Octave Mouret, “véritable trafiquant du désir féminin”, comme le souligne Véronique Cnokaert, professeure au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal (voir nos "trois questions à…" dans "A-t-il perdu son âme ?"), continue d’exploiter la fièvre d’achat et de susciter l’envie au-delà du besoin. Mais d’autres “personnages” de l’œuvre de Zola sont venus lui prêter main-forte. Avec plus ou moins de bonheur. Et parfois une difficulté à se réinventer. Les partitions d’assortiment, de promotion, de théâtralisation, d’animations et de merchandising, déjà composées à l’époque, ont été jouées à l’extrême. Jusqu’à provoquer une standardisation des points de vente. Une uniformisation, une normalisation qui vient étouffer la surprise, la capacité d’étonnement. Qu’est-ce qui distingue la rue commerçante de tel ou tel centre-ville? Rien. Un monde prévisible, sans couleur, où tout est terne, où tout est gris. Mêmes enseignes, mêmes façades, même mobilier, mêmes codes, même design, mêmes produits… Même ennui. Une dépersonnalisation singulière à l’heure des discours sur la nécessaire personnalisation de l’offre, la (re)connaissance client et l’hyper localisation. Une banalisation d’autant plus dangereuse face aux enjeux de la transformation digitale, de l’omnicanal, du Big Data et du temps réel. Du Bonheur des Dames à Faust, il n’y a plus qu’un pas. Goethe nous révèle que “L’éternel féminin nous élève”. Les retailers entendront peut-être les prières de Marguerite pour redonner une âme au commerce. Une alchimie dont beaucoup disent qu’elle passe, notamment, par une énième révolution du merchandising. Une version 4.0 qui ouvrirait les portes du Nirvana à tous: distributeurs, marques et clients.
Réconcilier le consommateur et le distributeurPour Philippe Lachaize, associé chez Stanwell Consulting et co-auteur de “La révolution du merchandising” avec Marc Lemarignier, “le merchandising entame sa 4e révolution”. Après une mission d’organisation (rationalisation du placement des produits pour en améliorer l’accessibilité), puis de séduction (amélioration de l’apparence des linéaires) et, enfin, de théâtralisation (mise en scène de l’offre), le merchandising aborde l’omnicanal, “l’enjeu clé de ces prochaines années”, ajoute-t-il. Une transformation essentiellement portée par les consommateurs, hyper connectés, qui veulent pouvoir jongler entre magasin, web, drive, store-to-web, web-to-store, livraison à domicile, en click & collect, en point relais, dans les 24?heures, etc., tout en bénéficiant d’une information sur la disponibilité des produits, d’un parcours d’achat simplifié et cohérent entre tous les canaux, d’une expérience client inoubliable et d’une reconnaissance personnalisée où la fidélité est récompensée. “La clé de la fidélité client, c’est d’avoir des assortiments produits parfaitement adaptés à la demande client dans chaque magasin”, souligne Slimane Allab, RVP, Global Pre-Sales. En tant que partenaire technologique, l’éditeur propose des outils permettant aux retailers d’adapter leur offre omnicanal aux préférences locales des