Les temps changent et les contrastes s’accumulent. Si un consommateur sur deux qualifie la proximité géographique de déterminante dans son choix de magasin (Crédoc, 2012), cela n’empêche pas le nombre de commerces des centres-villes de diminuer. Et les surfaces commerciales de doubler. La Fédération Procos tire la sonnette d’alarme. Dans le premier volet de son étude, elle enregistre une chute du commerce urbain de -3,7% en moyenne depuis douze ans, sous l’effet conjugué d’une contraction de leur périmètre (-2,2% de commerces) et d’une augmentation de la vacance commerciale (-1,5% de commerces en activité). Ce constat est valable sur toutes les villes du territoire, quelle que soit leur taille. En parallèle, la France écope de la première place sur le marché européen de l’Ouest, en termes de volume de m2 de centres commerciaux existants, affirme le cabinet du conseil en immobilier Cushman & Wakefield. Entre aspiration comportementale et réalité marchande, le dérèglement est palpable. “Nous ne pouvons pas continuer de nous plaindre du fait que les centres-villes et les centres-bourgs se vident de leurs commerces et, en même temps, donner des autorisations d’ouvertures de centres commerciaux ou d’hypermarchés en périphéries”, déplore Jean-Claude Delorme, président délégué de la FFAC (Fédération française des artisans et des commerçants). Alors comment expliquer cette désertification? Retour en arrière. Dès les années 70 et pendant les deux décennies qui ont suivi, les enseignes de la grande distribution ont bâti leur réputation en zone périurbaine, sur des surfaces de vente dont elles ne pouvaient pas bénéficier dans le cœur des villes. Et où le consommateur y trouvait son compte en y faisant ses courses de la semaine. “À cette époque, il y a avait une harmonie, car si je schématise, nous retrouvions des acteurs du textile et de l’équipement de la maison en zone urbaine, et l’alimentaire en zone rurale”, témoigne Marc Wainberg, directeur commercial chez Apsys, promoteur immobilier commercial. Cette architecture marchande respectait les modes de vie du XXe?siècle. Aujourd’hui, elle ne correspond plus aux attentes des consommateurs. Augmentation du nombre de personnes vivant seules, vieillissement de la population, hantise de la surconsommation, hausse du prix du carburant sont autant de facteurs qui conduisent à une affection pour le commerce du coin de la rue. La preuve: les centres commerciaux enregistrent un repli de – 1,7% sur l’année 2013, selon le CNCC (Centre national des centres commerciaux). Sans oublier que 69% des Français assimilent les courses en hypermarchés à une “corvée” selon le sondage Ifop réalisé fin 2012. Pourtant, ils continuent de s’y rendre. Décriés, certains sont en train de remonter la pente de la désaffection. C’est le cas de Carrefour. Ses hypermarchés enregistrent une croissance de +1,4% au quatrième semestre 2013. Si la santé de ces grands formats se porte mieux, l’argument du prix
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