Êtes-vous prêts à donner vos données privées contre un cookie à la cannelle? C’est la question absurde posée par l’artiste américaine Risa Puno à des New-Yorkais lors d’un festival à Brooklyn l’an dernier. La réponse n’en est que plus hallucinante: 380 individus ont accepté de partager leurs empreintes digitales, le nom de jeune fille de leur mère ou, plus personnel encore, leur numéro de sécurité sociale. Cette confidence n’est même pas guidée par la gourmandise: au lieu de manger le cookie, les participants se sont pris en photo pour se montrer sur les réseaux sociaux. C’est ce que rapporte le site Mashable. Malgré l’affaire Snowden qui a sensibilisé le grand public à l’exploitation des données dites sensibles, ce libre-échange prouve la dichotomie entre les paroles et les actes des individus. “C’est le phénomène du “privacy paradox”, qualifie Stéphane Grégoire, le chef de service des affaires économiques de la Cnil. Quelle valeur accordent les citoyens à leurs données personnelles? “Aux États-Unis, ce sujet est relié au droit à la consommation, alors qu’en Europe, la vie privée est rattachée à la liberté des personnes. Il est question de protection de l’individu augmenté et de ses composantes intimes dans le monde numérique. La protection de la vie privée est au centre de notre modèle juridique. Et il existe un paradoxe car les consommateurs, demandeurs de personnalisation, exigent aussi une meilleure maîtrise de leurs données”, observe-t-il. Ils sont ainsi davantage nombreux à partager leurs données avec un distributeur, quitte à passer 20 minutes en magasin, en échange d’offres promotionnelles personnalisées, selon une étude de IBM Global Business Services. Seule la data financière et médicale reste sous silence. Cette tolérance est évolutive. Au début des années 2000, avec l’arrivée d’Internet, les clients auraient pu voir une ingérence dans leur intimité
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