Nourrir neuf milliards d’habitants en 2050 avec de moins en moins de ressources naturelles disponibles. C’est le défi majeur que devra relever l’industrie agroalimentaire mondiale et le cœur du sujet des débats de la Journée mondiale de l’alimentation, le 16?octobre prochain. Une entrée en matière de plain-pied pour le 52e Salon de l’Innovation Agroalimentaire (Sial), qui se déroulera du 16 au 20?octobre à Villepinte. Car il va sans dire que c’est par l’innovation que les industriels et les distributeurs réaliseront cet objectif. Et les entreprises ont du pain sur la planche. “Le contexte mondial de l’industrie agroalimentaire est euphorique et dynamique”, confirme Nicolas Trentesaux, directeur du Sial qui anticipe une croissance de 10% du secteur en 2016… Et de 70% sur les vingt prochaines années?! “On est sur un marché mondial qui explose. Avec la croissance démographique, les besoins alimentaires vont croissant. Les classes moyennes mondiales se développent à vitesse grand V et la première chose qu’elles veulent, c’est diversifier leur alimentation et découvrir des produits provenant d’autres pays”, explique le directeur. Le vieillissement de la population mondiale modifie également les habitudes de consommation. Les plus de 60 ans représentent aujourd’hui 12% de la population et ce chiffre devrait grimper de 20% d’ici 30 ans pour atteindre les 450millions de centenaires. “Le poids des seniors dans l’alimentation va augmenter et ce sont eux qui ont le plus de pouvoir d’achat. Ce n’est pas un épiphénomène puisque cela va avoir des conséquences sur le marché de la nutrition et du packaging”, souligne Nicolas Trentesaux. De la même façon, l’urbanisation galopante, partout dans le monde, générant de nouveaux modes et rythmes de vie, oblige les industriels à adapter leur offre aux problématiques du temps et de l’espace. Des contraintes, certes, mais autant d’opportunités pour les entreprises innovantes. À condition qu’elles sachent bien se positionner.
Ailleurs, la croissance… Et ce n’est pas sur le marché français qu’il faut espérer gagner davantage de parts de marché. La croissance va se jouer dans les pays émergents: l’Asie et l’Afrique, tout particulièrement. “En 2050, deux tiers des classes moyennes vivront en Asie”, indique Nicolas Trentesaux. Pour ce dernier, il est urgent d’ouvrir les yeux aux entreprises françaises sur l’intérêt de l’export: “Les pays matures sont préoccupés par le mieux manger. Ils sont à la recherche de sophistication et privilégient la qualité des ingrédients et leur traçabilité, à la quantité. À l’inverse, les pays en développement veulent manger plus”, résume-t-il. Sans compter que l’export représente un levier de diversification pour des entreprises françaises encore très dépendantes du marché national et étranglées par une poignée de clients – la GMS en l’occurrence – qui se livrent une guerre des prix depuis trois ans. “Il faudrait rééquilibrer la balance entre la France et les autres marchés. Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et créer de la valeur sur des marchés extérieurs où les produits français seront différenciants et moins bataillés par les concurrents”, ajoute Nicolas Trentesaux. Malgré les promesses de l’export, seules deux entreprises françaises sur dix se tournent vers l’international. En cause: la faible taille des PME-TPE qui constituent 80% des IAA nationales et un esprit très francophone résultant d’un manque de formation et d’appétence des