Les beaux jours reviennent pour le commerce. Assis aux terrasses des restaurants, retrouvant avec plaisir les promenades arborées des retail parks et leurs virées shopping hebdomadaires, les Français retrouvent le goût des emplettes. Les centres commerciaux font le plein depuis leur réouverture, à la faveur de l’été qui s’installe et des journées, sans couvre-feu, qui s’étirent. La reprise qui se dessine se confirmera-t-elle ? Les soldes et les vacances scolaires seront un premier indicateur de résistance pour ces actifs commerciaux qui, somme toute, ont fait preuve de résilience et d’agilité face à la crise. Reste à savoir si les investisseurs suivront la tendance…
Par Cécile Buffard
L’horizon s’éclaircit pour les retailers. La 19 mai a sonné la réouverture des commerces non essentiels et les consommateurs ont été au rendez-vous. Selon le CNCC, la première semaine, dans les 30 départements où les préfets avaient autorisé l’ouverture des magasins le dimanche, et à l’exception des centres commerciaux de plus de 40 000 m2, la fréquentation a bondi de 27 % par rapport à 2020, seulement -8 % en deçà de celle enregistré en 2019, avant la pandémie. Une performance honorable compte tenu du fait que les restaurants étaient encore fermés, les cinémas contingentés et le couvre-feu maintenu à 21 heures, limitant les amplitudes horaires d’exploitation des centres commerciaux. “Les premiers retours de terrain se font l’écho de très bons taux de transformation”, assure Gontran Thüring, délégué général du CNCC. Pour ce dernier, le retour rapide et massif des Français en magasins “est bien la preuve que la consommation via écrans interposés ne permet pas de satisfaire l’animal social que nous sommes”. Pour ses 6 centres commerciaux, la foncière Wereldhave (Côté Seine, Docks 76, Docks Vauban, Mériadeck, Rivetoile et Saint-Sever) annonce avoir enregistré une fréquentation en très forte hausse, atteignant 150 % voire 200 % aux Docks Vauban (Le Havre) sur la seule journée du 19 mai. La directrice du magasin Promod de Côté Seine s’est même réjouie d’avoir pu atteindre son objectif de chiffre d’affaires de la journée en moins de deux heures. Le constat est le même dans les centres commerciaux d’Altarea-Cogedim.
“La fréquentation a progressé de 37,2 % sur l’ensemble des sites, comparée à 2020, avec une hausse, respective, de 96 % pour les “Shoppings Loisirs” Avenue 83 et Bercy Village et de 76 % pour Cap 3000, en comparable”, indique Ludovic Castillo, directeur général d’Altarea Commerces. La Fnac, Décathlon ou Primark ont été pris d’assaut. “Certains restaurants ont dû enchaîner trois services d’affilée à l’heure du déjeuner et les cinémas ont affiché complet en dépit de la jauge imposée de 35 %”, ajoute-t-il. Le passage du couvre-feu de 21h à 23h devrait accentuer cette tendance dans les grandes agglomérations et en région, où les visiteurs doivent prendre leur voiture pour se rendre dans le centre commercial le plus proche de chez eux. Le coup d’envoi des soldes d’été (finalement maintenus à la date du 23 juin) permettra également aux enseignes de liquider une partie des énormes stocks, tout particulièrement dans le secteur du prêt-à-porter, accumulés depuis 7 mois. Côté chiffre d’affaires, l’été va être décisif et la rentrée de septembre révélera si la crise est encore devant ou derrière nous. “Nous restons optimistes sur une reprise de la consommation, à l’image des années folles qui succédèrent à la Première Guerre Mondiale. Les commerçants sont les gueules cassées de la pandémie et la réouverture des commerces sonne le retour à un autre monde, un peu différent de celui d’avant”, note Gontran Thüring. En attendant, le cumul des mois de fermeture (dont celle de novembre, où les ventes “comptent double” pour les centres commerciaux) a amputé d’autant le chiffre d’affaires des opérateurs de commerce.
Négociations en cours Fait positif, le nombre de défaillances d’entreprises n’a pas été aussi critique que celui redouté. La majeure partie des enseignes en redressement judiciaire ont trouvé preneurs (La Halle, Go Sport, Camaïeu, Alinéa, etc.) et certains segments de marché, comme l’alimentaire ou le bricolage, se sont même révélés être de forts relais de croissance pendant la crise. Selon les chiffres de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur), le secteur des café-restaurants et l’alimentaire ont gagné, respectivement, 4,5 % et 1,5 % de croissance, entre 2017 et 2020 et 20 % et 10 % entre 2003 et 2020. À l’inverse, la culture et le prêt-à-porter dévissent, respectivement, de -5 % et -13 % entre 2017 et 2020. La crise sanitaire n’a fait qu’accélérer un mouvement déjà initié et mettre en évidence les fragilités existantes. Dans