Qui veut la peau des centres-villes? Cette question, Patrick Vignal, le président de l’association Centre-Ville en Mouvement a été le premier à la poser. En août dernier, le député de l’Hérault a tiré la sonnette d’alarme en demandant au président de la République Emmanuel Macron de labelliser le centre-ville comme Grande Cause Nationale 2008. Avec un taux de vacance commerciale qui dépasse les 10% dans les cœurs de ville en 2016 (plus de 11% dans les villes de moins de 500?000 habitants), le constat est, en effet, alarmant. Certes, les grandes villes sont épargnées (seules 27% d’entre elles atteignent les 10% de vacance tandis que 55% des villes moyennes sont concernées), mais les plus petites “sont en grande souffrance”, observe Patrick Vignal, déplorant “une désertification rapide des centres-villes”, malgré les efforts importants de nombreux élus. La faute aux commerces de périphérie? Oui, en partie, soutient l’association selon laquelle les zones commerciales périphériques grandissantes affectent la densité commerciale des centres-villes. Mais il y a un hic: les centres commerciaux aussi voient leur taux de vacance multiplié par deux en 3 ans, passant de 4,6% en 2012 à 9,5% en 2015. L’an dernier, le volume des surfaces commerciales autorisées a augmenté de 22% (dont 90% installées en périphérie) quand le pouvoir d’achat plafonne à 1,6% sur la même année, selon l’Insee. “Quand on voit les malls fantômes aux USA, cela fait réfléchir”, lance Pierre Creuzet, directeur fondateur de Centre-Ville en Mouvement. Ce dernier se félicite de la nomination d’un ministre dédié à la Cohésion des Territoires, Jacques Mézard, et encore plus de l’accueil relativement favorable que ce dernier a réservé à l’idée d’un moratoire d’un an sur l’extension des surfaces commerciales en périphérie des villes.
Pour ou contre un moratoire? L’idée en revient à Régis Schultz, le président de Monoprix, qui concède que la seule promesse de créations d’emplois en périphérie ne suffit plus. “Si la grande distribution recrute, combien d’emplois sont sacrifiés dans les centres-villes?”, s’inquiète Pierre Creuzet. “À l’heure où les ventes sur internet augmentent de 14% par an, il est important qu’il y ait une réflexion globale sur ce qu’attendent les Français de leurs commerces”, affirme-t-il. Justement, à en croire le dernier baromètre CSA sur le centre-ville, 9 consommateurs sur 10 souhaitent que les maires prennent en compte la diversité commerciale et l’animation des cœurs de ville, confirmant, ainsi le sentiment d’appartenance à leur ville. C’est ainsi qu’à Bourges, où la grande distribution était devenue dévorante, le maire (Pascal Blanc) a décidé de “faire une pause jusqu’à la fin de son mandat en 2020” et de geler les mètres carrés dans la périphérie de la ville. Une méthode qui n’est pas du goût de tous. Au CNCC, on trouve superflue l’idée d’un moratoire alors que les collectivités disposent déjà, depuis l’augmentation du nombre de CDAC sous la loi Pinel, de tous les outils permettant de réguler, voire de bloquer, les projets de construction de surfaces commerciales. “Accuser le commerce de périphérie de tuer le commerce de centre-ville, c’est fort de café?!”, s’exclame Gontran Thüring, délégué général du CNCC, avant de poursuivre: “il y a bien d’autres maux qui contribuent à la dévitalisation des cœurs de ville, y compris la délocalisation des services publics en périphérie, qui a entraîné avec elle la population. Résultat: les centres-villes se sont paupérisés qualitativement et
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