Durant ces deux derniers mois, la pandémie de Covid-19 a mobilisé toutes les enseignes et tendu les chaînes logistiques et humaines. Une période inédite sur le plan des ventes, de la vie en magasin et des relations avec les consommateurs. Quelles seront les principales tendances de demain ? Premiers éléments de réponse post-déconfinement.
Par Jean-Bernard Gallois
Les enseignes non alimentaires ont rouvert leurs portes le 11 mai dernier. Le “monde d’après Covid-19”, très indécis, est parsemé de points d’interrogation. Mesures sanitaires à respecter pour les clients et les salariés des magasins, nouveaux comportements d’achats, accélération de la transformation numérique… Autant de questions qui se posent et dont les réponses s’affineront dans les semaines et les mois à venir. Quels circuits de consommation vont-elles s’imposer ? Le développement de la crise sanitaire a entraîné une explosion des ventes tous azimuts. “La période pré-confinement a vu des magasins pris d’assaut et les hausses de ventes en valeur et en volume ont été de +20 %, transversales à tous les circuits, observe Gaëlle Le Floch, directrice marketing de Kantar, qui s’appuie sur le panel Worldpanel. Les supermarchés (+1,5 point de PDM sur la période P3), la proximité (+0,5 point) et le e-commerce (+1,2 point) ont enchaîné les records de vente. Quelques enseignes spécialisées comme Picard et Biocoop ont tiré leur épingle du jeu et le bio en a profité au vu des ruptures de rayon dans le conventionnel.”
Avantage au drive Le drive a profité de cette consommation bouleversée. “Depuis le début du confinement, ses ventes ont augmenté de près de 80 % et ont été multipliées par deux entre le 6 et le 12 avril dernier, constate Charlotte Palud, consultante senior e-commerce chez Nielsen. La part de marché du drive avoisine les 10 % dans les achats des Français alors qu’elle était
encore à moins de 6 % en 2019.” Les quelque 5 500 drives implantés en France ont tous développé leurs ventes, même les ¾ d’entre eux qui réalisent un chiffre d’affaires inférieur à 1 million d’euros annuels, celui d’une supérette. Une embellie durable ? “Pas forcément, répond Charlotte Palud, car n’oublions pas que, du fait des coûts engendrés, l’équation économique du passage des magasins physiques aux drives est structurellement négative.” Dès le début du confinement, les Français ont plébiscité le online tous secteurs confondus, “avec une accélération du 6 au 12 avril”, commente Gaëlle Le Floch. Poursuivront-ils leurs courses dans un drive ou sur Internet ? “Près d’un tiers des nouveaux clients prévoient de faire à nouveau leurs emplettes en ligne, avec de très bonnes notes sur le niveau d’appréciation