Edulcorants, phtalates, parabènes, bisphénol… Ces substances font aujourd’hui la Une des magazines. Accusées d’être toxiques et, pour certaines, potentiellement cancérogènes, elles inquiètent d’autant plus les consommateurs qu’elles s’inscrivent dans leur quotidien. Du soda allégé au chewing-gum, en passant par les cosmétiques, les dentifrices ou encore, les lingettes pour bébé, le danger semble rôder à chaque coin de linéaire. Dans une enquête publiée en août dernier, l’association UFC-Que Choisir révélait ainsi avoir décelé 138 substances chimiques jugées “extrêmement préoccupantes” par l’Union européenne dans 40 produits de consommation courante. Un état des lieux troublant qui pousse à s’interroger: faut-il avoir peur de ce que l’on consomme? Une chose est sûre: si l’espérance de vie européenne ne cesse de grimper (+ 5 ans en trente ans), les maladies chroniques progressent également. Et malgré le travail de surveillance des agences de sécurité alimentaire européenne (Efsa) et française (Anses), le sentiment de défiance envers une industrie des PGC, de plus en plus complexe et mondialisée, persiste. Pis, la peur de l’empoisonnement, depuis la crise de la vache folle en 1995, n’est jamais très loin. “Les gens ont le sentiment qu’il y a de plus en plus d’ingrédients qu’on leur cache”, déplore Jean-Luc Pelletier, délégué général de L’Union des Syndicats des Industries des Produits Amylacés (Usipa). En matière de réassurance, des efforts restent à faire. “Les consommateurs ne sont pas du tout informés sur ce qu’ils achètent. Lorsqu’ils en font la demande comme le règlement européen REACH le leur permet, les industriels ne répondent pas ou mal”, affirme Élisabeth Chesnais, journaliste à UFC-Que Choisir. Un manque de transparence qui participe à l’anxiété collective. À tort ou à raison.
Régime de la peurPremier constat: l’évolution des procédés industriels a fait émerger de nouvelles formes d’allergies alimentaires. “Des risques qui n’étaient pas connus il y a 10 ou 15 ans apparaissent, liés soit à des modifications alimentaires engendrées par l’extension du marché des produits importés, soit aux nouvelles technologies industrielles”, observe Denise-Anne Moneret-Vautrin, immunologue et allergologue à l’hôpital de Nancy. La présence d’ingrédients allergènes tels que le kiwi, le sésame, le soja ou le latex dans de nombreux produits alimentaires, ainsi que les techniques visant à isoler les protéines – c’est notamment le cas du gluten – participeraient à accroître les sensibilisations. “Environ 1% de la population française souffre de maladie cœliaque, soit 700?000 patients potentiellement atteints. Mais sachant que seuls 15% à 20% des malades sont aujourd’hui diagnostiqués, cela laisse présager de nouveaux cas à venir”, prévient Christophe Cellier, gastro-entérologue à l’hôpital Georges-Pompidou de Paris.Une niche prometteuse qui n’aura pas échappé aux spécialistes de la diététique naturelle. “Le marché du sans gluten pèse 24M€ en GMS et affiche une croissance de 30% en cumul annuel mobile?!”, calcule Renaud, Saisset, directeur marketing chez Nutrition et Santé (Gerblé). Exit, donc,