Quel avenir pour les emballages ? L’Ania a fait le point, fin janvier, lors d’une conférence réunissant une vingtaine d’experts. Zoom sur les projets d’éco-conception.
L’Ania (Association nationale des industries alimentaires) organisait, fin janvier, une journée-débats sur l’avenir des emballages. Elle a réuni entreprises de l’agroalimentaire, start-ups, distributeurs, producteurs d’emballages, plus de 20 experts ainsi que plus de 150 participants. Selon l’association, les entreprises de l’agroalimentaire sont toutes engagées dans une économie circulaire et ont conscience qu’elles vont devoir faire mieux et plus vite. Ces démarches s’inscrivent dans un calendrier très dense avec la fin des débats sur le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire en France, ainsi que la signature du Pacte européen sur les emballages plastiques (le 6 mars dernier) et l’application de la directive Single Use Plastics. Ces mesures vont largement et rapidement impacter le secteur. “Si nous ne travaillons pas tous ensemble, nous irons tous dans le mur. Nous devons aller plus vite et mieux prioriser”, a notamment souligné Patrick Lesueur, directeur Recherche & Développement chez Bonduelle et Président du groupe de travail “Emballages” de l’Ania.
Une des tables rondes de l’événement était consacrée aux solutions d’éco-conception avec des problématiques liées à l’incorporation de matière plastique recyclée, à l’utilisation de bioplastiques et de matériaux biodégradables, ainsi qu’à la lutte contre le gaspillage alimentaire. “On ne fera plus d’emballage plastique comme on le faisait avant, souligne Emmanuel Guichard, délégué général d’Elipso représentant les entreprises de l’emballage plastique et souple. Pour obtenir une économie circulaire des plastiques, le rôle central est la conception des emballages”. Dans ce cadre, l’intégration de matière plastique recyclée est devenue un enjeu majeur. L’objectif est d’atteindre une incorporation de 470 000 tonnes de matière recyclée en 2025 via des engagements volontaires des entreprises.
Des solutions innovantes
Parmi les solutions innovantes présentées, le projet de recherche européen Glopack (Granting Society with Low environmental impact innovative Packaging), lancé en 2018 et coordonné par Valérie Guillard de l’Unité Mixte de Recherche IATE (Ingénierie des Agropolymères et Technologies Emergentes) de l’Université de Montpellier, regroupe une quinzaine de partenaires visant à créer une nouvelle génération d’emballages pour les produits alimentaires. Les chercheurs entendent aller au-delà d’un simple emballage biodégradable en imaginant une solution intelligente qui puisse communiquer sur l’état des aliments qu’il contient afin de réduire le gaspillage alimentaire. L’emballage est constitué de polymères microbiens eux-mêmes synthétisés à partir de déchets alimentaires.
Autre invité de l’économie circulaire, (RE)SET, une société créée en juin 2019, à l’initiative de Carrefour, Système U et Veolia pour unir leurs efforts dans la recherche d’innovations permettant de réduire le plastique à usage unique dans les emballages. Le programme européen s’inscrit dans l’engagement du “Pacte National sur les emballages plastiques”, signé en février 2019 et visant, notamment à éco-concevoir les emballages pour les rendre réutilisables, recyclables ou compostables à 100 % d’ici 2025. Afin de trouver des alternatives disruptives aux acteurs de l’agroalimentaire et de la distribution, (RE)SET propose aux meilleurs innovateurs à travers le monde de soumettre leurs projets sur leur plateforme (les candidatures pour le programme 2020 ont été finalisées fin mai). S’ensuit l’évaluation et la sélection des projets soumis à (RE)SET, puis un “bootcamp” réunissant innovateurs finalistes et partenaires à l’issue duquel débute la phase d’application. Les pilotes réalisés dans le cadre de cette étape permettent de valider industriellement et commercialement les produits ou concepts retenus et d’assurer un rapide déploiement. Un accompagnement de A à Z avec des partenaires comme LSDH (jus de fruits ambiants et réfrigérés), Newell (marques Mapa Spontex, Tigex, NUK, notamment), Essity (Lotus, Nana, Tena…), Europe Snacks, Cérélia et Altho.
Des engagements concrets
De son côté, Agnès Jacquot, directrice RSE Sources Alma Cristaline est venue témoigner sur la création du bouchon solidaire recyclable. Une initiative née du constat du président du groupe. Si 99 % des bouteilles plastiques sont collectées en France, seules 57 % d’entre elles sont recyclées. En outre, de nombreux bouchons se retrouvent dans la nature et risquent d’être ingérés par des animaux les confondant avec de la nourriture, lorsqu’ils flottent sur l’eau, par exemple. Pour faire face au défi des 1 % de bouteilles non collectées, le groupe s’est rapproché de l’association Gestes Propres qui lutte contre les déchets sauvages et les incivilités. Et, côté industriel, a innové en mettant sur pied une solution en 18 mois afin que le bouchon et la bouteille soient inséparables. “C’était un challenge. D’abord parce qu’il fallait que cette alternative comporte moins de plastique que la solution précédente mais, aussi, il fallait préserver l’usage pratique pour tous ceux qui souhaitent boire à la bouteille”, précise-t-elle.
Enfin, Arnaud Jouvance, directeur Développement France a présenté la société finlandaise Paptic, à l’origine d’un nouveau matériau éponyme, destiné à se substituer au plastique dans de multiples applications packaging souple. Il est créé à partir de fibres de bois issues de forêts durablement gérées. “Contrairement au plastique, Paptic est à la fois biosourcé, biodégradable et recyclable. Les débouchés sont multiples dans le secteur de l’emballage : sacs boutique, enveloppes, sachets… Dans un contexte où la question du prix est essentielle pour le consommateur et que les solutions plus vertueuses sont plus coûteuses, nous avons un vrai défi à relever : réconcilier la fin de mois et la fin de vie”, conclut-il.