Des magasins dédiés pour les produits frais traditionnels

Le frais fait son grand retour dans la distribution, mais pas uniquement au sein des hyper et supermarchés. Ces derniers, non seulement, rivalisent d’innovations pour mettre en avant leur propre offre, mais ils planchent également sur de nouveaux concepts stores. C’est le cas par exemple d’Auchan. Le distributeur a secoué le monde de la distribution en proposant le premier drive consacré aux produits frais. “Avant, les produis frais était justement une manière pour les points de vente physiques de se distinguer de nouveaux canaux de distribution en pleine vitesse comme le drive”, explique Pierre Bergougnoux de PB Conseils. Aujourd’hui les frontières tendent à s’abolir. En effet, en janvier dernier, Auchan annonce la création d’un magasin drive spécialisé dans le frais traditionnel. Le nom de ce projet? Multifrais. Le concept existe déjà en Grande-Bretagne, mais sera inédit dans l’Hexagone. L’objectif: augmenter la part de produits frais dans le panier des consommateurs adeptes du drive, un mode de distribution qui généralement fait la part belle aux produits “secs”. “Multifrais” devrait ouvrir courant mars, en région parisienne. Mais en matière de concepts dédiés aux produits frais, Auchan n’en est pas à son coup d’essai. En 2010, l’enseigne met sur pied le Chronovillage, une sorte de copie de place de marché. Collé à son supermarché drive, le Chronodrive, ouvert à Halluin près de la frontière belge, le Chronovillage regroupe plusieurs petits commerces de proximité comme un caviste, un boulanger, un fleuriste et, bien sûr, un spécialiste du frais. Pour ce dernier, Auchan s’est associé à la société Les Partisans du Goût, qui regroupe aussi à la fois un boucher, un traiteur, un fromager, un primeur et une poissonnerie.Sur une surface de 539?m2, le magasin proposait alors une offre qualitative de près de 3?000 références, dont 75% en frais et 25% en épicerie fine. L’offre se veut pléthorique (200 références de fromages, près de 80 spécialités bouchères préparées sur place, 15 références de tomates, jusqu’à 20 variétés de pommes, etc.), et le positionnement premium. Le responsable du rayon met un point d’honneur à faire déguster ses fruits et à faire découvrir les légumes oubliés. L’enseigne des Partisans du goût n’en reste pas moins autonome sur ses approvisionnements. Environ 35% de l’assortiment provient de la région. Aujourd’hui, les Partisans du Goût ont investi le centre de Lille et sa périphérie, avec un magasin près de vieux Lille et un autre situé dans la zone commerciale de Marquettes-lez-Lille. Dans le premier cas, le magasin dispose d’une surface de 980?m² et a réhabilité un ancien garage. Esprit “marché couvert” de centre-ville assuré. L’ambition de ce magasin diffère quelque peu du premier Partisans du Goût d’Halluin: il se développe en autonomie par rapport au groupe Auchan et doit permettre au consommateur d’y faire toutes ses courses. Ainsi, 5?000 références sont proposées, avec un gros bloc fruits et légumes occupant un bon quart de l’ensemble. Et le consommateur n’y trouvera aucun produit signé “Auchan”.Quand bien même les produits frais aient le vent en poupe, ils doivent s’adapter aux nouvelles façons de consommer. C’est pourquoi, en Espagne, l’enseigne de hard-discount Dia, vient de lancer Dia Fresh, des magasins de 200?m2 environ consacrés aux produits frais traditionnels. Il existe actuellement une dizaine de Dia Fresh répartis entre Madrid, Barcelone, Séville et Valladolid. Le projet reste encore très vague en ce qui concerne l’inauguration de magasins similaires en France, mais les enseignes de proximité ont certainement une nouvelle carte à jouer en se spécialisant, elles aussi, dans les fruits et légumes et autres produits de bouche.