De la source au consommateur

D’un côté, il y a SGS, spécialiste depuis 140 ans de l’inspection, du contrôle, de l’analyse et de la certification. L’entreprise forte de 97?000 collaborateurs est présente dans 150 pays au travers de 2?600 bureaux et laboratoires. De l’autre, il y a Transparency-One qui offre une plateforme sécurisée déployée sur le Cloud Microsoft (Azure) pour héberger de la donnée et qui modélise l’intégralité de la chaîne d’approvisionnement. Au final, un partenariat – où SGS a pris une participation de 20% au capital de Transparency-One – pour délivrer une solution alliant expertise et technologie afin d’offrir aux entreprises une transparence sur leur supply chain: fournisseurs, produits et sites de production. La plateforme permet de créer une cartographie de la chaîne d’approvisionnement, de collecter et vérifier les certifications détenues par les fournisseurs de différents rangs afin d’améliorer la gestion des risques, d’assurer la sécurité des produits tout en renforçant la confiance des consommateurs. Du rang 1 à la matière primaire Concrètement, les clients approchent SGS afin de travailler sur la chaîne d’approvisionnement d’une de leurs filières. Le plus souvent, ils connaissent relativement bien leurs fournisseurs directs (audits, tests…), mais la vision au-delà reste floue. SGS récupère la liste de ces fournisseurs de rang 1 et les contacte “via notre réseau international dans leur langue, en comprenant leur culture”, souligne Guy Escarfail, vice-président, Global Head of SGS digital supply chain solutions. SGS recueille et vérifie les certifications détenues par le fournisseur de rang 1, et collecte des données, via un questionnaire répondant aux exigences du client en termes de sécurité alimentaire, de qualité, d’enjeux sociaux et environnementaux. “Nous avons notamment mis en place un protocole de vérification des certificats afin de garantir qu’il est authentique, en cours de validité et qu’il couvre bien les exigences des clients”, précise-t-il. L’entreprise demande, également, à ce fournisseur d’identifier les produits qu’il fabrique ainsi que la provenance des ingrédients entrant dans sa composition. “À partir de là, nous pouvons contacter le rang inférieur pour tenter d’identifier, là aussi, leurs produits, leurs clients et leurs fournisseurs… Ainsi, petit à petit, nous descendons dans la chaîne pour faire émerger cette visibilité, cette transparence”, ajoute-t-il. L’information est, ensuite, poussée dans la plateforme de Transparency-One. Accessible via le cloud, elle est dotée de toutes les fonctionnalités permettant aux clients de faire de l’analytics (tableaux de bords, indicateurs de performance), de réaliser cette cartographie de la chaîne d’approvisionnement et, ainsi, de visualiser et gérer les risques potentiels. “Nous mettons, également, des chefs de projet à disposition pour accompagner nos clients”, indique Guy Escarfail. À noter: chaque année, les fournisseurs acceptant de participer à cette chaîne de transparence, sont questionnés à nouveau afin d’assurer une mise à jour des informations dans la plateforme et donc une fiabilité des données. Côté business model, la solution s’appuie sur deux facettes. La marque ou le distributeur prend en charge une partie des frais à la hauteur des moyens mis en œuvre (nombre de gestionnaires de projet, appui des call centers, expertise…) pour travailler la transparence de sa supply chain. D’autre part, une participation est demandée aux fournisseurs de la filière travaillée pour entrer dans la plateforme et bénéficier de cette cartographie attestant de leur transparence. “Le prix n’est pas un frein. Il s’agit de moins d’un euro par jour”, souligne Guy Escarfail. D’autant que si ce fournisseur travaille avec d’autres clients sur la même filière, il ne paye qu’une fois pour rejoindre la plateforme. Au-delà de la visualisation de cette chaîne, certains acteurs peuvent vouloir aller plus loin avec SGS Transparency-One et travailler sur de la traçabilité, voire de la traçabilité au lot afin de pousser des informations dans de la blockchain. Tableaux de bord, KPI’s, cartographie pour gérer les risques potentiels. Blockchain Apprendre à marcher avant de courir Trop tôt pour la blockchain? Pas selon Olivier Touzé, directeur Qualité et Développement Durable du Groupement Les Mousquetaires. Selon lui, ces systèmes très formalisés vont certainement se mettre en place derrière ces démarches de transparence de la supply chain. “Sachant que clairement, pour nous, la blockchain est un support à l’information, mais pas le travail de fond”. Car avant de parler de blockchain, il faut déjà avoir initié la transparence de la supply chain, c’est-à-dire sa visibilité, avancé sur la gestion des risques, puis réalisé un long travail sur la traçabilité afin d’assurer la fiabilité des données qui viendront alimenter la plateforme à grande échelle. D’autant que, pour l’heure, toutes les filières ne sont pas dématérialisées pour être capables de produire des données en mode numérique. À moyen terme, on peut imaginer un producteur qui, muni d’une tablette, enregistrera une multitude de données destinées à venir nourrir la blockchain (température, quantité d’intrants chimiques, date de récolte…). Car ce sont ces informations extrêmement précises que l’on peut fournir pour réassurer le consommateur et lui raconter une histoire authentique. Ainsi, au-delà de la gestion du risque, les entreprises peuvent mettre en place des traçabilités au lot afin, notamment, d’informer le consommateur. C’est le cas du Groupement Les Mousquetaires sur les haricots verts. S’appuyant sur l’expérience du travail de transparence de la supply chain effectué avec SGS Transparency-One sur la filière bio, un pilote a été réalisé en attribuant à chaque lot des attributs informatifs pour le consommateur. Concrètement, celui-ci flashe le code-barre sur la boîte de haricot vert, entre le dernier chiffre du n° de lot dans l’application et peut visualiser la carte de France avec le lieu de production et la fraîcheur de son produit, c’est-à-dire le nombre d’heures entre le moment où il est récolté et mis en boîte. “Comme les fournisseurs n’ont pas de systèmes de données dématérialisées, nous sommes obligés de saisir ces informations afin qu’elles soient intégrées dans la plateforme de Transparency-One. C’est long. Mais nous renouvèlerons certainement l’expérience”, souligne Olivier Touzé. Les FQC passent à la blockchain Parallèlement, le déploiement de la technologie blockchain aux produits Filières Qualité Carrefour est l’un des premiers engagements du groupe, réitéré avec le programme Act For Food lancé en septembre2018. Cinq produits FQC ont bénéficié de cette technologie: le poulet fermier d’Auvergne, les tomates, les œufs, la poularde fermière d’Auvergne et les oranges. D’autre part, Carrefour a rejoint la plateforme IBM Food Trust afin de mettre en place un standard mondial de traçabilité alimentaire entre tous les maillons de la chaîne depuis le producteur jusqu’aux canaux de vente. La technologie blockchain facilitant l’enregistrement des événements liés à la chaîne d’approvisionnement, de transformation, de conditionnement et de distribution des produits. De quoi partager des informations avec le consommateur sur l’origine et la qualité des produits, la composition nutritionnelle et, potentiellement, la présence d’allergènes ou de substances controversées. Et, bien sûr, d’accroître sa réactivité en cas de rappel de produits et d’arrêts de chaîne de production.