Clément Giraud a bien failli ne pas prendre le départ. C’était sans compter sur un élan de solidarité incroyable et l’esprit combattif du skipper. Des valeurs qui ont convaincu ses deux nouveaux sponsors à la recherche d’une aventure authentique.
Valeurs
Une aventure humaine
L’homme est direct, sincère, authentique. Éric Romedenne, président de la Compagnie du Lit, a créé son entreprise il y a 30 ans, à son image, “une entreprise dans laquelle j’aurais aimé travailler”, avec l’humain au cœur. “J’ai toujours eu l’intention d’engager des actions humanitaires ou sportives, pour motiver les gens autour de moi autour de belles valeurs. L’entreprise n’est pas seulement un endroit où l’on passe à la caisse. Il faut que ce soit une aventure humaine”, précise-t-il. Le sponsoring commence avec le triathlète Frédéric Belaubre, puis le sport automobile, notamment le Paris-Dakar, “des disciplines qui demandent un investissement fort, une vraie préparation, un vrai défi humain”. Il y a 4 ans, son chemin croise celui de Stéphane Le Diraison, en manque de budget pour s’aligner sur le Vendée Globe 2016-1017. Malheureusement, le skipper devra abandonner suite à un démâtage au large des côtes australiennes. Il y a 3 ans, Éric Romedenne monte le projet ambitieux d’un bateau à foils avec une grosse équipe derrière lui. “Malheureusement, les Gilets Jaunes en ont voulu autrement. Ayant 100 magasins, presque tous étaient fermés les samedis pendant les manifestations. Les ventes ont chuté. J’ai dû abandonner le Vendée Globe non par choix, mais par obligation”, regrette-t-il. Le temps passe. La crise sanitaire passe par là. Entre-temps, le skipper Clément Giraud voit son bateau partir en fumée, en octobre 2019, alors qu’il s’apprêtait à prendre le départ de la Transat Jacques Vabre. Son partenaire titre jette l’éponge. Un élan de solidarité se met en place. Cet été, Erik Nigon, skipper de l’Imoca “Vers un monde sans Sida”, décide de prêter son bateau à Clément. Il ne lui reste qu’à se qualifier et trouver des sponsors… 3 mois avant le départ… “Clément, que je connais depuis 3 ans, m’appelle. Au début, je pense plutôt l’aider à trouver des partenaires. Finalement, face à cet élan de solidarité, l’évidence s’est imposée, il fallait aider un battant à réaliser son rêve d’autant que j’ai créé une association au Sénégal, baptisée Porte-Rêves, ayant pour vocation à apporter un secours et une assistance matérielle à l’enfance en détresse”, précise-t-il. Pas question d’évoquer le budget “qui est conséquent”. Pour Éric Romedenne, l’important c’est d’aller au bout de soi-même, de porter ces valeurs : “La voile, c’est la liberté, le rêve. Et Clément est un vrai aventurier, un mec super sympa mais dur à l’effort, obstiné. Certes, il n’a pas eu le temps de reconstruire un foiler, mais il part avec un bateau optimisé. Cela va être une vraie aventure humaine.” Et déjà un exploit d’avoir su rebondir pour prendre le départ !
Clément Giraud, Phénix combattif
“C’était une année un peu compliquée… J’ai perdu mon bateau. Mais il y a eu cette solidarité incroyable… Erik Nigon me
prête son Imoca pour faire le Vendée Globe et a intégré l’équipe. J’ai de nouveaux partenaires. Je suis très heureux ! Merci à tous ! Le bateau est prêt, j’ai hâte ! J’ai découvert tout ce qu’il fallait faire pour monter un projet Vendée Globe. Je pense que l’on a mérité notre place dans le sens où l’équipe n’a jamais rien lâché. Nous avons été aspirés par une dynamique positive dès qu’Erik m’a proposé son bateau, ne serait-ce que pour me qualifier. J’avais lu que c’était déjà une victoire d’être au départ. Les efforts de tous, famille, partenaires, équipe, tout ce travail en commun, tout ça pour qu’on aille faire le tour du monde, c’est exceptionnel, c’est une victoire !”
Lancer une marque
Entre passion et stratégie
Stéphane Hascoët, le président de Jiliti, est un passionné de voile, “je ne sais même pas si je savais marcher quand je suis tombé dedans”, avoue-t-il. À ceci près que son engagement en tant que sponsor s’inscrit clairement dans une stratégie d’entreprise. Jiliti, acteur sur le marché de l’intégration et de la maintenance des infrastructures (serveurs,
stockage, réseaux…) a quitté le giron d’Econocom en juillet dernier, loin de son cœur de métier, et s’est adossé à un fonds d’investissement français, Chequers Capital, pour soutenir sa croissance. Objectif : renforcer sa capacité de production (Europe, États-Unis, puis Asie) par croissance externe afin d’offrir à ses 3 500 clients de tous secteurs, PME comme multinationales, une proximité et un service de qualité partout dans le monde (150 pays couverts via partenaires et sous-traitants), sur tout le cycle de vie de ses deux métiers.
Du coup, le point de rencontre avec Clément Giraud est assez évident : l’indépendance. “Nous sortons d’un grand groupe, petit Poucet qui prend son envol. Et Clément est un Phénix qui, malgré les épreuves, a su rebondir et aller chercher son tour du monde. Nous aussi, nous allons le chercher. Notre rêve est d’être leader européen”, souligne Stéphane Hascoët. La rencontre elle-même se fait par hasard, grâce à une amie d’enfance du dirigeant qui est aussi cheffe de projet de Clément. Julie Rocher raconte… et convainc Jiliti de porter l’aventure. “J’avais mis en place un événement clients pour le lancement de notre marque. Mais la Covid-19 est passée par là. Nous avions besoin de travailler la notoriété de Jiliti. Le Vendée Globe, c’est l’Himalaya de la voile, c’est une
aventure humaine aux valeurs très fortes, c’est un rêve et c’est extraordinaire de pouvoir permettre à Clément de le réaliser ! Cela me permet de conjuguer passion personnelle et stratégie d’entreprise”, raconte-t-il.
De nombreuses animations sont prévues avec les clients : départ, partage de vacations radio avec Clément pendant la course. “Beaucoup d’entre eux sont aussi passionnés et sont ravis de pouvoir participer d’un peu plus près à l’événement”, ajoute-t-il. Jiliti compte également travailler sur la marque employeur via les réseaux sociaux afin d’attirer de nouveaux talents pour accompagner sa croissance. Et en interne, un challenge sur Virtual Regatta est organisé pour les collaborateurs à qui l’entreprise offre un Full Pack de toutes les options disponibles afin que chacun courre à chance égale. Un classement et des récompenses sont prévus. Quant aux résultats de Clément, aucune pression : “Pour nous, c’est un partage d’aventure”, conclut-il.