Commerce : À quand la reprise ? Les soldes : Non au report !

Commerce : À quand la reprise ? Impacté par des événements de diverses natures depuis trois ans, le commerce peine à retrouver son souffle. La pandémie qui sévit en France depuis février dernier a porté le coup de grâce aux enseignes les plus fragiles. Pour les autres, des solutions d’accompagnement et de soutien s’imposent sur le long terme. 2017 : la France est traumatisée par une série d’attentats (18 au total) qui réveille les blessures encore vives des tueries du Bataclan et de Charlie Hebdo, survenues 2 ans auparavant. 2018 : le pays connaît un conflit social inédit à travers le mouvement des Gilets Jaunes qui paralyse le commerce tous les week-ends pendant près de 6 mois. 2019 : l’année se termine sur des grèves à répétition qui immobilisent les transports dans le cadre de la loi sur la réforme des retraites. 2020 : la crise du Covid-19 entraîne la fermeture administrative de presque tous les commerces. Depuis 4 ans, les commerçants font face à de multiples difficultés qui viennent plomber leur chiffre d’affaires. La pandémie sera-t-elle la goutte d’eau qui fera déborder le vase ? “Il y aura de la casse pour les plus fragiles qui n’ont aucune marge de manœuvre”, annonce Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos. L’Alliance du Commerce anticipe une baisse de l’activité de 50 % et 50 000 commerces qui jetteront l’éponge, faute de trésorerie. “La situation est critique pour les commerçants. Les enseignes qui ont été mises à mal par des années de recul de la consommation et qui n’ont, jusqu’alors, rien demandé aux bailleurs, dévissent aujourd’hui”, constate le délégué général. Des enseignes comme Camaïeu, André, Naf Naf ou La Halle, en mauvaise santé avant la pandémie, n’auront pas supporté ce nouvel assaut. Période de risques Certes, les entreprises ont pu bénéficier du chômage partiel, de prêts garantis par l’État et de reports de charges fiscales et sociales, mais pour les commerçants déjà en difficulté, c’est reculer pour mieux sauter. “La BPI a rempli son rôle avec diligence mais si les loyers non réglés s’inscrivent dans les dettes, l’on arrive à un ratio d’endettement dangereux qui entraînera les entreprises dans une spirale destructrice”, alerte Christian Dubois, directeur des services retail chez Cushman & Wakefield France. Reste à espérer que le consommateur soit au rendez-vous du commerce et que son envie d’acheter vienne compenser l’absence de chiffre d’affaires réalisé pendant deux mois, ainsi que les investissements coûteux dans les équipements de sécurité. Pas si évident, à en croire Emmanuel Le Roch pour qui le déconfinement ne rime pas avec reprise : “la plupart des salariés sont toujours en télétravail, certains au chômage partiel, les transports n’ont pas repris totalement, les gens sortent peu de chez eux et le chiffre d’affaires des enseignes, par conséquent, est très mauvais”. Pis, la réouverture des magasins a fait entrer les commerçants dans une nouvelle période de risques. “Il y a, de nouveau, les salariés à payer, l’approvisionnement des magasins à assurer et, pour beaucoup, des emprunts à rembourser alors que la question des loyers n’a pas encore été tranchée. Tout redémarre comme si l’on allait réaliser 100 % du chiffre d’affaires habituel !”, déplore le délégué général espérant, néanmoins, que la phase de médiation lancée par Bercy permette de définir de meilleures pratiques entre bailleurs et commerçants et de trouver des solutions viables pour l’après. Les soldes : Non au report ! Face au gouvernement, la FCA et l’Alliance du Commerce militent pour le maintien des soldes d’été dès le début du mois juillet et alertent sur les dangers d’un éventuel report. Événement festif qui réunit commerçants et consommateurs, les soldes d’été font débat. L’amendement 42 déposé par le député Vincent Thiébaut, dans le cadre de l’examen du projet de loi portant sur diverses dispositions urgentes pour faire face aux conséquences de l’épidémie de Covid-10, suggérant que la tenue des soldes d’été soit reportée à la fin du mois d’août, a été déclaré irrecevable. En attendant une nouvelle proposition de date, la Fédération du Commerce Coopératif et Associé (FCA) et l’Alliance du Commerce ont fait connaître leur souhait d’organiser les soldes d’été dès le début du mois de juillet. “Notre économie et plus spécifiquement le secteur du commerce de détail reprend son activité sans que nous ne sachions quel sera le taux de retour des consommateurs. Ce n’est pas le moment de couper l’herbe sous le pied aux acteurs du commerce qui vont très vite devoir penser à la saison hivernale pour rattraper un début d’année catastrophique. Certains d’entre eux commencent à recevoir leurs stocks d’hiver dès la mi-août. Où vont-ils stocker leurs collections hivernales si les soldes ont lieu tardivement ?” explique Alexandra Bouthelier, déléguée générale de la FCA, rappelant que les soldes sont un moment de réenchantement du commerce et d’expression du pouvoir d’achat © Brad Pict - AdobeStock qui arrive au moment propice de la reprise. Une organisation trop tardive des soldes d’été reviendrait à couper le rebond du commerce dans son élan. Objectif : écouler les stocks Si les soldes sont un repère pour les consommateurs et les commerçants, depuis plusieurs années, le gouvernement fait régulièrement évoluer le dispositif. Ont été notamment introduits, aux côtés des soldes à dates fixes, des soldes flottants dont la durée est passée de 4 à 6 semaines… Au risque de perdre les Français. Pour Alexandra Bouthelier, il est donc d’autant plus important de maintenir les soldes d’été. “Malheureusement, les conditions ne sont pas réunies pour que la période de soldes rime avec fête et convivialité. Dans les magasins, des dispositifs sanitaires lourds et coûteux ont été mis en place par les commerçants, mais les consommateurs vont-ils être au rendez-vous ? Il n’en demeure pas moins que ces soldes d’été sont le seul événement au niveau national que les Français vont tous pouvoir vivre ensemble. Si de nouvelles modifications importantes sur le dispositif des soldes d’été 2020 avaient lieu, ce serait aux dépens des commerçants et de leurs consommateurs” précise la déléguée. En effet, quelques semaines après le déconfinement, les grands magasins ainsi que les enseignes de l’habillement et de la chaussure espèrent une organisation des soldes au plus tard le 1er juillet 2020 et leur prolongement sur une durée de 6 semaines (du mercredi 1er juillet au mardi 11 août inclus) afin d’assurer l’écoulement des stocks de la collection Printemps-Été 2020. Ceux-ci sont arrivés à un niveau exceptionnellement élevé du fait de la fermeture des commerces non alimentaires depuis le 15 mars.