• Qu’est-ce qui explique que, régulièrement, les peurs alimentaires fassent la Une des magazines?Il y a un effet circulaire dans la médiatisation des scandales alimentaires. Si la presse en parle, c’est parce qu’elle vend et si elle vend c’est parce qu’il y a une préoccupation du public. Mais, ce faisant, elle renforce en la remettant régulièrement sur le devant de la scène. Les crises alimentaires sont presque devenues des marronniers. Ce qui n’exclut pas qu’il puisse y avoir de vrais problèmes. Prenons le scandale de la viande de cheval, par exemple. On a là une démonstration assez exemplaire de ce qu’est la problématique du risque pour le consommateur. Il ne réduit pas le risque à sa dimension sanitaire comme les experts de la santé ou les toxicologues le font mais il montre l’importance de la dimension symbolique qui échappe à l’analyse du risque de la santé publique ou de la sécurité sanitaire des aliments. Les industriels le savent et travaillent, à travers le marketing, sur cette dimension-là.
• Cette dimension symbolique du risque était, selon vous, sous-estimée avant le horsegate?Disons qu’on l’avait un peu oubliée. Les crises qui précédèrent cet événement (vache folle, dioxine etc.) étaient très formatées autour de la distinction entre évaluation et perception du risque. La gestion des risques était une gestion à double dimension, appelée double cercle. La première partie relevant d’une approche technico-scientifique. La seconde, d’une approche sociologique, économique et stratégique qui tentait d’articuler l’évaluation et la perception du risque. Autrement dit, on fait du “risk management”. À la différence, sur la question de la viande de cheval, il n’y a aucun risque sanitaire mais des risques symboliques.