Le PDG de la Camif croit beaucoup à la data en termes d’économie circulaire. “C’est un levier de création de valeurs et c’est, surtout, ce qui permet d’accélérer le processus et de redonner le pouvoir au consommateur afin qu’il s’inscrive dans cette consommation plus responsable”, affirme émery Jacquillat qui est aussi administrateur de GS1.
Une des premières actions en la matière lancée par la Camif remonte à une dizaine d’années. L’entreprise fait alors le choix de miser sur la qualité, le durable et la fabrication locale avec 137 fabricants français qui représentent les trois quarts de son CA. “Il était important que les consommateurs, les internautes, puissent se saisir de l’information sur la fabrication des produits pour en faire un vrai critère de choix. On ne peut pas accélérer la transition vers une consommation responsable si l’on ne donne pas d’abord l’information. C’est un droit des consommateurs et un devoir pour nous d’afficher la transparence sur les process de fabrication”, ajoute-t-il.
Reportage en coulisses
L’entreprise va désormais plus loin. Au-delà du lieu de fabrication, la Camif dévoile les coulisses de la fabrication de ses produits au travers d’informations sur ses fournisseurs et de reportages vidéo sur la démarche d’écoconception au cœur des usines. “Les consommateurs n’achètent pas seulement un produit, ils veulent acheter une histoire. La difficulté est de convaincre nos fournisseurs de partager l’information”, précise Emery Jacquillat. Au départ, seul trois d’entre eux ont accepté l’exercice. “Or, l’information a d’autant plus de valeur qu’elle est partagée. L’information et la transparence sont des leviers de business, des leviers d’activation du bon sens des consommateurs”, ajoute-t-il. De quoi permettre à la Camif de réaliser 60 % de croissance d’une année sur l’autre.
L’étape suivante a consisté à collecter des informations sur les composants des meubles, avec toute la difficulté que cela suppose : leur origine, leur usage, le nombre de km parcourus par chaque composant jusqu’à l’usine… Toutes ces informations sont à disposition des internautes avec, en prime, une décomposition du prix entre tous les acteurs de la chaîne, du producteur au transporteur en passant par la marge de la Camif. “Ces informations deviennent un critère de choix. C’est aussi rendre hommage à l’intelligence des consommateurs. Car en tant que citoyen, on a tous compris depuis quelques années qu’il fallait changer de comportement. Le vrai sujet, c’est le passage à l’acte et pour cela, nous avons besoin d’informations”, indique Emery Jacquillat.
Tout réinventer
Puis, il y a 3 ans, l’entreprise s’engage résolument dans sa transition vers l’économie circulaire en redéfinissant sa mission : proposer des produits et des services dans la maison au bénéfice de l’homme et de la planète. Pour cela, la Camif mobilise tout son écosystème afin d’implanter de nouveaux modèles de consommation, de production et d’organisation. “L’économie circulaire nécessite de tout réinventer, rappelle-t-il. On ne peut plus travailler comme au XXe siècle, tout seul et en silos. On a besoin de mobiliser l’intelligence collective”. L’entreprise lance, alors, un projet baptisé Camif Edition qui deviendra une nouvelle marque. L’idée : accélérer cette transition vers des produits encore plus vertueux, dans une démarche de circuits courts, en écoconception, en intégrant davantage de composants issus du recyclage, tout en réfléchissant à leur fin de vie. Pendant trois jours, l’entreprise réunit designers, fabricants, citoyens-consommateurs, experts de filière et pionniers de l’économie circulaire dans un Camifathon consacré à la co-création. 13 projets sont sélectionnés. Et après un travail de 6 mois, les 13 premières collections de la nouvelle marque Camif Edition ont vu le jour en 2018. “Pendant trois jours, des fabricants concurrents se sont associés pour répondre au cahier des charges et concevoir des solutions innovantes et durables, explique Emery Jacquillat. Aujourd’hui, l’entreprise peut être ce lieu d’une nouvelle création de valeur qui se traduit à la fois en valeur sociale, environnementale et, du coup, en valeur économique. C’est l’enjeu d’une entreprise à mission. Demain, les entreprises qui n’auront pas de valeur pour la société n’existeront plus parce qu’elles n’attireront plus de talents, plus de clients”, conclut-il.