Au cœur de l’aventure participative

Avec sa plateforme d’innovation générale, Créative Attitude, lancée il y a trois ans et demi, et où chaque enseigne peut présenter un projet, Auchan met les deux pieds dans l’innovation participative. Le projet d’impression 3D pour le grand public, Yoomake en est le fruit. “Ce concept est la traduction opérationnelle de notre vision de commerçant audacieux et du dispositif d’innovation participatif Créative Attitude”, raconte Emmanuel Le Bouille, qui a piloté le dispositif et initié le projet Yoomake. De l’idée à la réalisation, il n’y a eu qu’un pas… ou plutôt, deux années de co-construction. Sur les rails depuis janvier2014 mais officiellement lancé en mai2014, le projet s’est concrétisé par l’ouverture d’une boutique pilote d’impression 3D dans son magasin Villeneuve d’Ascq (59). Sur cet espace de création, les clients peuvent personnaliser des objets (figurines, décoration), bijoux, trophées et médailles. Contrairement à son premier essai d’imprimante 3D à Roissy, le groupe a, cette fois, pris le parti de s’écarter de la technologie en confiant le processus d’impression à ses prestataires Twikit et i.materialise, respectivement fournisseurs de services d’impression 3D en ligne sur le marché grand public et de solutions de personnalisation en 3D, pour ne garder que le service et l’expérience personnalisée. Les consommateurs n’ont qu’à choisir les visuels du produit souhaité sur un écran tactile et le configurer (taille, matière et couleur) selon leurs goûts. “99% de nos clients sont des novices, mal à l’aise avec l’impression 3D. Ce qui les intéresse, c’est leur capacité à avoir un impact sur la façon dont ils créent leur objet”, indique Emmanuel Le Bouille. Persuadé que c’est en partant de l’objet et non de l’imprimante, que cette technologie va se démocratiser. Projets 100% personnalisésCar derrière l’impression 3D, c’est le rêve de l’objet unique et 100% personnalisé qui se dessine. Un créneau très en vogue, dans la distribution. “Ce sujet n’est pas là par hasard. Il y a, aujourd’hui, une demande émergente du produit singulier, de la personnalisation. Les consommateurs veulent des produits spécifiques et s’ils sont inclus dans la création c’est encore mieux”, souligne le directeur qui se donne trois mois pour éprouver la viabilité de ce concept. “On va mesurer les ventes, regarder l’impact du point de vue du trafic et mesurer l’appétence, à savoir, combien de personnes ont utilisé les tablettes pour configurer des produits”, décrit-il. Viendra, ensuite, le taux de transformation. Le phénomène d’appropriation d’une innovation reste progressif. Ce qui compte, c’est la trajectoire. “On fonctionne en itération. La mise en place de Yoomake est déjà une victoire mais ce n’est que le début car c’est maintenant qu’arrivent les ajustements”, souligne Emmanuel Le Bouille. Rappelant que le plus difficile, dans une démarche d’innovation, c’est de faire. “La première difficulté consiste à pouvoir passer de l’intérêt au prototypage. Une idée n’a pas eu sa chance si elle n’est pas prototypée”. Deuxième élément-clé de l’innovation: accepter l’incertitude et la prise de risque qui en découle. Leviers de croissance Sans viser la perfection mais avec pragmatisme et bon sens, l’innovation permet de renforcer l’attractivité des enseignes et des marques, de développer du flux client et du chiffre d’affaires rentable. “Il y a trois étapes-clés dans un processus d’innovation: vérifier la désirabilité du concept, sa faisabilité en mettant le prototype en route puis sa viabilité économique”, résume Emmanuel Le Bouille. Ce n’est qu’en mettant le modèle dans les mains du client que l’on voit s’il est rentable”. Aujourd’hui exprimé sur 20?m2, le concept d’atelier 3D imaginé par Auchan a vocation, si celui-ci trouve son public, à se déployer dans d’autres magasins et dans les centres commerciaux, dans le rôle de créateur de flux. Côté investissement, Auchan prévoit l’amortissement du budget consacré à la création de l’espace (mobilier, tablettes) sur une durée inférieure à deux. “Ce qui est largement supportable pour un magasin à condition que les clients s’approprient le sujet, tempère le responsable, l’objectif d’une innovation n’est pas d’être contributeur en cash mais d’être économiquement viable pour pouvoir maintenir sa survie”. Car une innovation qui ne gagne pas d’argent, à terme, est condamnée.