Depuis des années, l’agriculture conventionnelle et biologique s’affrontent. Certains argumentent le côté pratique et rentable, d’autres prônent la préservation de la terre comme une alternative au vu de la dégénérescence des sols. Favoriser les circuits courts et la rotation des cultures sont les socles de la bio. Les produits fermiers ont longtemps été proposés par des petits producteurs qui tissaient leur économie à l’échelle locale. Mais aujourd’hui, les parcelles biologiques ne suffisent pas à répondre aux besoins nutritionnels de la population mondiale. Chaque modèle a ses limites. Alors, devons-nous désormais parler d’une interdépendance entre l’agriculture biologique et conventionnelle pour le futur? L’intérêt de la grande distribution pour les produits bio va, aujourd’hui, dans ce sens, malgré des débuts à tâtons: “Après la maladie de la vache folle, beaucoup d’enseignes sont venues nous voir en nous disant de lancer une gamme bio, témoigne Henri de Pazzis, fondateur de ProNatura qui fournit à hauteur de 15% la GMS, 80% des magasins spécialisés et 5% de la restauration hors domicile. Nous avons réalisé des choses absolument passionnantes. Et puis, au bout de quelques années, certaines n’avaient plus besoin de nous car elles commençaient à comprendre les enjeux du marché biologique”. Voyant leurs volumes s’accroître proportionnellement à celui de la demande, elles ont préféré se tourner vers leurs fournisseurs conventionnels. “Et, petit à petit, nous avons été poussés vers la sortie. Les enseignes ont fait rentrer le bio dans leur politique générale d’achat, c’est-à-dire les faire fabriquer par leurs partenaires habituels qui savent très bien mettre la pression sur les prix. Cette période a duré 2/3 ans. Depuis, on commence à voir des enseignes de la GMS qui considèrent que le bio a besoin d’être traité différemment”, constate Henri de Pazzis.
Un marché convoitéL’agriculture biologique est née, dès 1930, pour lutter contre l’agrochimie. Mais ce n’est qu’au début des années 2000 que les rayons des grandes enseignes ont été pourvus de produits biologiques. À cette époque, ce n’était pas facile de vendre du bio aux responsables des magasins, se souvient Cédric Stephant, chef de groupe marketing opérationnel Léa Nature: “On nous prenait un peu pour des extraterrestres quand on arrivait dans les grandes surfaces, nos produits bio sous le bras. Nous étions les seuls avec la marque Bjorg à opérer sur ce segment.” Et c’est ce qui a permis à Léa Nature d’enregistrer rapidement une croissance de son activité sur ce marché de niche où l’offre des industriels était réduite. “On était sur une évolution à 10%. Vous mettiez des produits bio et ils se vendaient. Le marché n’était pas structuré comme celui des produits de la grande distribution”, rappelle-t-il.En 2007, avec le lancement du Grenelle de l’Environnement, le positionnement des distributeurs a changé. Si la GMS a fait du bio un outil de communication, elle a aussi repensé son positionnement sur ce marché grâce à l’appui politique. C’est