Dans la crise des éleveurs qui a fait rage cet été en France, la grande distribution figurait parmi les principaux accusés. En cause, cette bataille systémique que se livrent les grandes enseignes à tirer les prix vers le bas, fragilisant ainsi, par ricochet, la filière agricole. La “guerre des prix” a d’ailleurs été au centre des rapprochements opérés fin 2014 par les opérateurs du secteur (lire encadré): Auchan-Système U, Casino-Intermarché et Carrefour-Cora. “On n’est pas prêts à remonter les prix quand tout le monde les baissent”, n’hésite pas à marteler dans la presse Georges Plassat, PDG de Carrefour. Même son de cloche chez Auchan et U qui refusent de se laisser faire. Quant à Leclerc, il refuse d’être hors marché. “Nous ne nous sommes pas trompés de stratégie (en misant sur les prix bas, ndlr)”. Mais sur les responsabilités, tout le monde se renvoie la balle. Les fournisseurs continuent d’accuser les distributeurs de faire pression pour des tarifs toujours plus bas et les enseignes accusent les industriels de demander des hausses exorbitantes sans rapport avec le cours des matières premières agricoles qui baisse. Ambiance. “À la suite de ces accords, le secteur est réparti principalement entre quatre grands acheteurs qui représentent ensemble plus de 90% du marché”, relève l’Autorité de la concurrence.
Une concentration des négociationsÀ l’orée des négociations commerciales 2015 qui vont s’étaler du mois de novembre au 1er?mars 2016, nul doute que la guerre des prix va encore sévir avec force en coulisses. Toujours est-il, qu’in fine, industriels et distributeurs devront se mettre d’accord sur les produits qui seront commercialisés, les gammes, les quantités, les animations commerciales et surtout… les prix. “Les récentes alliances ont nécessairement eu pour effet de “concentrer” les négociations”, souligne Laëtitia Lemmouchi-Maire, avocate parisienne qui conseille exclusivement des fournisseurs dans leur relation avec la grande distribution