Si un secteur d’activité devait porter sur lui l’image d’un domaine ayant parfaitement intégré les logiques issues de la mondialisation, la grande distribution française pourrait être un sérieux prétendant. En à peine vingt ans, la part de marché réalisée hors de nos frontières est passée de quasiment 0 à 45%, et jusqu’à presque 60% pour les champions des enseignes généralistes. Bien souvent, c’est à l’Asie ou aux pays émergents que l’on attribue les promesses d’un futur fait de croissance durable. Ce serait, toutefois, oublier 
une réalité: la majorité des développements à l’international de la grande distribution alimentaire – et d’une bonne partie de la spécialisée – se fait d’abord en Europe. Le groupe Auchan, l’un des leaders de la présence de la grande distribution française à l’étranger, en est l’illustration. Bien que comptant plusieurs centaines de points de vente à l’étranger et misant tout particulièrement sur les pays émergents pour gagner des points de croissance, c’est bien sur le sol européen que l’enseigne a ouvert le plus de points de vente et de très loin, avec quelque 1?600 supermarchés et hypermarchés.
Limite atteinte dans les pays développés?Mais il est certain que si le Vieux continent est, de fait, le territoire principal de l’expansion internationale, les perspectives de croissance moroses et la maturité déjà importante des marchés poussent les acteurs français à regarder ailleurs. D’abord, du côté des États-Unis, où la croissance économique a redémarré quand celle de l’Europe stagne. Or, la première puissance économique ne s’est, jusque-là, pas révélée être une terre très propice pour les enseignes françaises. Auchan s’est retiré d’un marché où il n’avait ouvert que deux points de vente qui n’ont jamais été rentables, succédant ainsi à Carrefour qui avait été précurseur à la fin des années quatre-vingt et qui a connu le même échec. Côté retail spécialisé, Décathlon dont la stratégie d’internationalisation est auréolée de nombreux succès (l’enseigne a ouvert 21 boutiques en Chine en 2013, six en Inde et quatre en Russie) a connu un retentissant échec aux USA. À tel point que le groupe
