Inflation, guerres, crises sociales et économiques : c’est dans un climat tourmenté que s’ouvrent les fêtes de fin d’année, dans un pays sous haute tension, clivé et à fleur de peau. Dans ce contexte, le cœur des Français peut-il être à la fête ? Tiraillés entre leur pouvoir d’achat dégradé et un avenir incertain en tous points, les consommateurs jouent la prudence et la modération. Mais pas question, cependant, de ne pas célébrer Noël et son réveillon, qui demeurent, pour une majorité des foyers, une parenthèse de joie et de réconfort. En témoigne, l’ambiance euphorique et bon enfant dans laquelle s’est déroulée la cérémonie des illuminations des Champs-Élysées, orchestrée par des commerçants et des organisateurs soucieux de préserver « la magie de Noël ». Envers et contre tout.
Alors… Noël, j’oublie tout ? Presque. Si le budget dévolu aux jouets est sanctuarisé, la plupart des familles envisagent déjà de réduire leurs dépenses pour les repas de fêtes ainsi que pour les cadeaux destinés aux adultes. Elles se déclarent également prêtes à déployer des stratégies croisées pour faire baisser la facture, telles que tirer parti des opérations commerciales de type Black Friday ou Cyber Monday, anticiper leurs achats, se tourner vers la seconde main, ou encore, fractionner leurs règlements grâce aux moyens de paiement digitaux. Cette année, plus que jamais, il faudra trouver l’équilibre : le bon dosage entre plaisir et économie, convivialité et sobriété.
Les commerçants, pour qui la fin d’année est une période clé, ont leur carte à jouer. Selon Havas Market, 30 % des Français continueront à faire leurs courses de fin d’année dans les points de vente physique. Écrins privilégiés pour créer une atmosphère de Noël, les magasins et leurs vitrines théâtralisées participent à l’expérience client. Plus d’un Français sur deux prévoient de réaliser une partie de leurs achats dans un commerce de proximité, confirme l’institut de sondages YouGov. Signe qu’Internet n’a pas (encore) révolutionné le marché, nonobstant la concurrence grandissante de ses poids lourds, Amazon et Vinted en premier lieu.
Le succès des marchés de Noël et leurs attractions qui attirent une foule de visiteurs, venue boire un vin chaud et offrir un tour de manège aux enfants entre deux emplettes, démontrent que Noël reste une fête à part, entraînant des comportements de consommation atypiques. Oubliée, pour un temps, la course aux promotions, les produits locaux et made in France, l’artisanat et le fait maison sont plébiscités. Propices aux achats plaisirs et cadeaux, ces boutiques éphémères séduisent aussi bien les consommateurs que les vendeurs. Avec ses 115 chalets, le marché de Noël de la Défense accueille ainsi 25 % de commerçants de plus qu’en 2022 et devrait dépasser la barre symbolique du million de visiteurs en 2023. Verdict en janvier, où le bilan d’après-fête viendra confirmer, ou non, les tendances de consommation qui se dessinent depuis le début de l’année.
Toute l’équipe de Points de Vente vous souhaite
une excellente année 2024 et une bonne lecture !
Directeur de la publication : Francis Luzin