Le commerce se réinvente et la logistique lui offre des outils toujours plus innovants pour répondre aux nouveaux usages des consommateurs. Premier changement de paradigme, selon une étude réalisée par la Fevad en 2022, la course à la vitesse standardisée par Amazon n’est plus la priorité pour les consommateurs interrogés. En revanche, 50 % d’entre eux estiment que le respect des délais de livraison est important et 31 % jugent essentiels les sujets de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), un chiffre en hausse de 4 %. « Les e-commerçants vont préférer livrer mieux que livrer vite », résume Guillaume Asconchilo, manager supply chain au sein du cabinet de consultants Bartle. Une petite révolution culturelle dans un monde du retail qui privilégie désormais la fluidité à la livraison le jour même, voire dans l’heure.
L’engagement RSE des enseignes et des logisticiens a accéléré cette évolution vers une logistique urbaine durable. Une tendance qui s’inscrit dans un contexte de « verdissement » des centres-villes avec la généralisation des zones à faibles émissions (ZFE) dans 43 métropoles d’ici à 2025. Cyclologistique, cotransportage, consignes et autres solutions de livraison douces sont déployées par les distributeurs qui goûtent, de plus en plus, aux vertus de la mutualisation des transports et des services. Dans ces entrepôts multi-clients, la mécanisation et l’automatisation des processus font gagner du temps et assurent une qualité stable dans la préparation des commandes. Ici, la technologie a permis d’optimiser l’activité logistique tout en soulageant les opérateurs humains qui œuvrent aux côtés des robots.
Invisibles pour les consommateurs, les mutations du back-office constituent l’une des pierres angulaires des innovations logistiques en cours. Jumeaux numériques et intelligence artificielle ont fait leur entrée dans les entrepôts et modernisent la supply chain. Pour permettre aux commerçants de proposer un service véritablement omnicanal, il faut désormais unifier les stocks, travailler sur la donnée et piloter les commandes sur l’ensemble des canaux de vente. Devenus, ainsi, de mini-centres logistiques, les magasins sont en mesure de développer du click and collect, avec une vision en temps réel de la disponibilité des produits.
Le retrait des commandes fait également l’objet de nombreuses transformations. à côté des drives piétons, les consignes automatisées se multiplient en extérieur – Mondial Relay vient ainsi d’installer dans les communes des « Lockers de ville », des casiers qui permettent de retirer ou d’envoyer un colis dans les centres-villes – ou dans des espaces clos. FM Logistic propose, de son côté, depuis l’an dernier des points de retrait de e-commerce automatisés et mutualisés appelés « city corners ». Jusque-là largement réservées aux produits non alimentaires, les enseignes réfléchissent à accroître ces solutions de retrait pour l’alimentaire, notamment au profit du commerce local. Un acteur tel que Ximiti vient, dans ce sens, d’inaugurer un nouveau magasin automatique et connecté, ouvert 24h/24 et 7j/7, à Saint-Malo. Ce point de vente dernière génération permet d’avoir accès à plus de 1 600 produits de grande consommation via une application de smartphone dédiée. Preuve que le commerce n’a pas eu besoin d’attendre Chat GPT pour innover…
Directeur de la publication : Francis Luzin