L’on pourrait se contenter de se souhaiter une bonne année 2020. Tout le meilleur à venir, la santé, la réussite, la prospérité. Mais il serait difficile de passer à côté d’un sujet qui monopolise l’esprit des Français depuis plus d’un mois maintenant : ces mouvements de grèves qui paralysent une partie des transports, particulièrement en Ile-de-France et pénalisent, par ricochet, l’activité économique des commerces de centre-ville. Depuis près de 6 semaines, les boutiques physiques sont devenues inaccessibles en transport en commun et les commerçants ont vu leur activité baisser de 20 % à 30 % depuis le début des grèves, selon l’Alliance du commerce. Ces derniers craignent, déjà, leur impact sur les soldes d’hiver, période de l’année qui, avec les soldes d’été, représentent pas moins de 30 % des volumes de ventes annuelles dans l’habillement. À en croire Stackr, spécialiste français du comptage et de l’analyse des flux piétons sur le marché du retail, la fréquentation dans Paris intra-muros a chuté de -20 % le mercredi 8 janvier dernier, premier jour des soldes, comparé à l’an dernier et jusqu’à -33,7 % dans le quartier Châtelet-Les Halles.
Pour Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du Commerce, le message est clair et teinté d’urgence : “Il faut sauver les soldes ! Il est urgent, après les lourdes pertes subies par les commerçants, à Noël et depuis plus d’un an, de permettre le bon déroulement des soldes en rétablissant une circulation normale et d’assurer la sécurité des clients et des commerces”. Afin d’assurer le bon déroulement des soldes de janvier, la fédération a demandé au gouvernement et aux autorités organisatrices de permettre un service minimum dans les transports et d’assurer la sécurité des clients et des commerces. Sera-t-elle entendue ? La légère amélioration de la situation observée ces derniers jours laisse à penser que les commerçants pourraient profiter, du moins en partie, de cet événement essentiel à leur activité commerciale. Mais il faudra encore quelques semaines pour que les consommateurs retrouvent leurs marques et osent à nouveau sortir de chez eux pour faire les boutiques sans avoir à craindre les trains annulés ou les tronçons de métro coupés.
L’on serait tenté de penser que toutes ces perturbations tournent en faveur du e-commerce. Après tout, le malheur des uns ne fait-il pas le bonheur des autres ? Les chiffres de la Fevad indiquent le contraire. Une enquête réalisée par la fédération sur la période du 5 au 9 décembre 2019 révèle que les ventes en ligne ont elles aussi baissé de 4 %, par rapport à l’an dernier. Non seulement, ce déclin montre qu’il n’y a pas eu de report du trafic du commerce physique vers les sites marchands mais celui-ci pourrait perdurer aussi longtemps que le conflit social se prolonge. L’épuisement des consommateurs lorsqu’ils regagnent (enfin) leur domicile, les retards de livraison engendrés par le blocage des routes et de certains centres de distribution et enfin, un léger fléchissement de la confiance des ménages dans la situation économique du pays, pointé par l’Insee en décembre 2019, sont autant de freins aux achats sur le web. Preuve qu’encore une fois, commerce en ligne et commerce physique ne font plus qu’un et traversent, ensemble, les mêmes euphories (le Black Friday 2019 a connu des records de vente) et les mêmes difficultés face aux aléas économiques et sociaux. Jusqu’à quand ?
Points de Vente adresse à ses fidèles lecteurs ses meilleurs vœux pour 2020 et une belle année riche en lecture et réflexions
Francis Luzin, Directeur de la publication