Espéré depuis un mois, le lever de rideau tant attendu des commerces “non essentiels” a bien eu lieu. Depuis le 28 novembre dernier, la saison des achats de Noël a été déclarée officiellement ouverte. La course contre la montre, pour les commerçants, a commencé. À trois semaines de Noël, il ne reste, en réalité, que peu de week-ends pour rattraper un mois de fermeture, à une période où une partie des retailers réalisent la plus grosse partie de leur chiffre d’affaires annuel. Dans le secteur du jouet, c’est 70 % des ventes qui sont réalisées les deux derniers mois de l’année. Idem pour les produits festifs. L’autorisation donnée de voyager et de nous rassembler à Noël – même en comité restreint – a apporté une lueur d’espoir à une profession éprouvée.
Certes, nous pourrons boire du champagne à Noël. Mais le cœur y sera-t-il vraiment ? Alors que continue de planer au-dessus de nos têtes la menace d’un virus que l’on ne maîtrise pas. Alors que les interdictions de se déplacer (à l’étranger), de se réunir (en grand nombre), de s’amuser à l’extérieur du domicile (les restaurants, les bars et les discothèques restent fermés) pèsent sur notre quotidien… Et plombent notre moral. L’humeur n’est pas à la fête. En effet, sans la liberté de pouvoir jouir de nos plaisirs – sortir dîner sur un coup de tête, organiser au pied levé une soirée entre amis ou, encore, profiter d’un week-end de ski au soleil, comme l’aurait fait feu Jean d’Ormesson (et pas nécessairement à Courchevel) – que reste-t-il de notre vie de consommateur ? La morosité se fait sentir à travers nos intentions d’achat.
Quatre chiffres (OpinionWay) sont révélateurs : 73 % des Français ont déjà prévu de fréquenter moins de gens à Noël. 53 % ne passeront pas le réveillon en famille par peur de la contamination. 53 % prévoient, en conséquence, d’acheter moins de cadeaux que l’an dernier et 45 % se disent stressés à l’idée d’aller faire leurs courses en magasin, toujours en raison du risque sanitaire. Dans ces conditions, les commerçants peuvent-ils espérer sauver leur saison festive ? Même avec des horaires à rallonge, comme le souligne Éric Cheminade, président de l’Union de la Bijouterie Horlogerie (l’UBH) : “une journée de travail, aussi dense et remplie soit-elle, ne fera jamais 76 heures”. Car le manque à gagner, depuis la fin octobre, auquel s’ajoutent les 6 à 8 semaines du premier confinement, est énorme. Et au-delà des distributeurs, ce sont des filières entières qui se trouvent fragilisées.
Raison de plus pour privilégier le commerce de proximité et les productions Made in France. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de chauvinisme ou d’entre-soi, mais de responsabilité collective. Parce que nos territoires disposent de suffisamment de richesses pour nous faire rêver, n’hésitons pas à participer à des initiatives locales telles que la plateforme éphémère de vente en ligne “Ma Place de Noël”, lancée depuis le 24 novembre par la CCI Paris-Ile-de-France, qui apporte une solution clé en main aux petits commerçants face aux géants de la vente en ligne. Parce que ces PME-TPE nous apportent beaucoup au quotidien, délaisser Amazon – au moins le temps d’un Noël – est sans doute le meilleur cadeau que l’on puisse faire au
commerce français.
Toute l’équipe
de Points de Vente vous souhaite de très bonnes fêtes
et vous donne rendez-vous
le 25 janvier 2021
Francis Luzin, Directeur de la publication