De l’innovation, il y a en a à tous les étages du retail. Dernier né du sérail, le concept Darwin lancé par Franprix, primé l’an dernier par les Sirius du Commerce pour sa capacité à épouser les évolutions de notre société de consommation. De l’intégration du bio dans les linéaires de la grande distribution à la prise en compte des segments émergents (véganisme, végétarisme, flexitarisme), sans oublier, la naturalité, poussée par les applications santé de type Yuka ou Nutriscore : les retailers sont à l’écoute, ils testent, échouent, persévèrent et parfois parviennent à investir de nouveaux marchés. Ainsi va le commerce, éternel précurseur des mouvements de ce monde, du moins vu de la fenêtre de notre quotidien.
“Plus qu’un concept, Darwin est un état d’esprit”, annonce Franprix. Les fondamentaux de ce projet commercial reposent sur quatre piliers : la restauration sur place, l’aménagement de “zones de vie”, une offre non alimentaire transversale via des partenariats inédits avec Cdiscount, Hema et le drugstore parisien, et des solutions cross-canal pour servir le client. Ce dernier volet est l’un des plus stratégiques et délicats pour l’enseigne. Après le “lâcher de caddie” en magasin et l’application mobile qui livre en 40 minutes, Franprix étoffe ses solutions cross-canal en proposant à ses clients d’acheter sur son application et de venir récupérer leur commande en magasin. De nouveaux services qui visent à répondre aux exigences de praticité et de rapidité des consommateurs.
C’est à ce moment-là que la logistique entre en jeu. Car si ces innovations apportent du service aux clients, elles entraînent de nouveaux enjeux et de nouvelles questions : dans un paysage urbain de moins en moins adapté à la circulation et au stationnement, peut-on concevoir une livraison à domicile efficace, dotée d’une vraie qualité de service, tout en répondant au souci croissant et légitime d’un plus grand respect de l’environnement ? Pour plus de 70 % des consommateurs, la livraison représente le critère le plus important d’un achat sur Internet. Le défi est donc de taille pour les enseignes qui misent sur l’humain et la protection de la planète, plutôt que d’entrer dans la course folle d’Amazon. Leur objectif : faire valoir une logistique plus propre et polymorphe, aussi bien ajustable en centre-ville qu’à la campagne.
En quelques mots : réinventer la supply chain pour la rendre compatible avec une logique RSE. Franprix continue de développer sa logistique fluviale, Norauto a noué un partenariat avec La Poste pour transformer les anciens hôtels de Poste urbains en mini-entrepôts de stockage de pièces détachées et décarbonées. Et la mise en place d’une reverse logistics (logistique des retours) est désormais un standard chez les enseignes de distribution. Ce n’est donc pas un hasard si le récent rapport France Logistique 2025, réalisé par le gouvernement, a souligné le dynamisme de la filière logistique française qui représente au total près de 10 % du PIB et 1,8 million d’emplois répartis sur le territoire. Cette étude mentionne “le nombre de projets à succès portant sur l’automatisation de leurs plateformes, sur le recours aux solutions de machine learning pour l’optimisation de leurs flux et sur le déploiement de modes de transport alternatifs” et qualifie la France de “valeur sûre pour y implanter sa logistique”. Preuve que dans le retail, si la tête fonctionne, il faut aussi des jambes pour la faire avancer.
Francis Luzin, Directeur de la publication