Il ne se passe pas une semaine sans qu’une annonce soit faite. La blockchain est partout. Elle envahit tous les territoires : banque, santé, énergie, immobilier, agro-alimentaire, commerce international, distribution, transport, logistique… Alors, tendance de fond ou blockchain bashing ?
Ce qui est certain, c’est que l’ensemble des acteurs se penchent activement sur cette technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, ultra sécurisée et fonctionnant sans organe central de contrôle. Et pour cause. Ses applications en tant que registre permettent d’assurer une meilleure traçabilité des produits. De quoi redonner confiance à l’ensemble des acteurs des supply chains, y compris au consommateur final en quête de réassurance par la preuve.
Née en pleine crise financière en 2008, la blockchain a effectivement pour premier objectif de remettre de la confiance au cœur des échanges. Ici, la gouvernance est décentralisée et appartient à tous les participants qui détiennent, chacun, l’exemplaire de la base de données distribuée qui est constituée de l’intégralité des transactions depuis l’origine. Les informations sont vérifiées préalablement à l’enregistrement grâce à un processus de validation collectif, consensuel, transparent et infalsifiable. Les échanges successifs sont enregistrés sous forme de blocs qui contiennent, chacun, des centaines de transactions. Les blocs s’ajoutent les uns aux autres, formant une chaîne de blocs. Conçue comme un stockage de données décentralisé éclaté entre plusieurs réseaux de serveurs de telle sorte que chaque version de la base de données puisse être monitorée par de multiples ordinateurs hôtes, la blockchain séduit, aussi, par son extrême sécurisation.
Marques et distributeurs ne s’y trompent pas. Au-delà d’une réduction des coûts et d’une accélération des processus, les usages sont nombreux et particulièrement efficients en matière de traçabilité des flux logistiques et industriels où la blockchain intervient comme garantie de transparence. D’abord du côté de la sécurité alimentaire mise à mal par les crises successives ces dernières années. Mais aussi du côté d’une réassurance globale des consommateurs qui attendent des gages de confiance sur la provenance des produits, leur mode de fabrication, l’empreinte écologique, la labellisation bio ou encore le bien-être animal… Carrefour a d’ores et déjà déployé la blockchain sur six produits Filière Qualité Carrefour. L’enseigne va plus loin. Membre d’IBM Food Trust depuis octobre 2018, Carrefour mène un projet commun avec Nestlé : la traçabilité, via la blockhain, de la purée Mousline. De son côté, Auchan Retail s’appuie sur la blockchain pour la traçabilité des produits de ses filières. Après un test au Vietnam, l’enseigne déploie la solution en Europe et au Sénégal en s’appuyant sur Te-Food, une start-up allemande. Des inititiaves naissent, aussi, du côté du transport international à l’image de TradeLens, la plateforme numérique logistique basée sur la blockchain, développée conjointement par l’armateur A.P. Moller – Maersk et IBM. Objectif : développer la confiance, la transparence et la collaboration sur les chaînes d’approvisionnements des entreprises internationales.
Plus globalement, ce sont toutes les problématiques de supply chain et de traçabilité qui pourraient bénéficier de l’apport de la technologie blockchain.
Avec un bémol. Pour préserver cette confiance en passe d’être retrouvée, il faut que les données poussées, à grande échelle, dans la blockchain soient fiables. Autrement dit, avant de parler de blockchain, il faut parler de traçabilité. Ainsi, l’exercice passe, d’abord, par la recherche de transparence sur les chaînes d’approvisionnement. La blockchain est un support à l’information, pas le travail de fond. Question de confiance.
Francis Luzin, Directeur de la publication