C’est acté. Le Plan de Transformation des zones commerciales, lancé le 11 septembre dernier, prévoit de tirer un trait sur les quelque 1 500 zones commerciales de périphérie, ces fameuses « boîtes à chaussures » entourées de parkings, peu esthétiques, qui se sont accumulées, depuis les années 60, autour des entrées de ville. Pour remédier au « sentiment de déclassement » de la France des territoires, le gouvernement a décidé d’embellir leur environnement, à travers des opérations d’urbanisme à grande échelle. Avec un objectif : faire de ces espaces commerciaux obsolètes – mais néanmoins rentables – des « morceaux de ville » et, pour cela, l’État y alloue les moyens : une enveloppe de 24 millions d’euros pour accompagner les villes candidates au changement.
Cette révolution esthétique et urbanistique répond à l’urgence et à la réglementation environnementale entrée en vigueur avec l’objectif ZAN, voté en juillet. Fini l’artificialisation des sols, l’heure est à la réhabilitation et à l’optimisation des fonciers et de l’existant. À l’occasion du Salon international des espaces commerciaux (Siec), plusieurs projets liés à la transformation des entrées de villes ou de projets mixtes de restructuration ont été présentés. Parmi eux, la transformation du centre commercial Bobigny 2 en un centre-ville renouvelé, doté de voies piétonnes, de logements, de commerces en rez-de-chaussée et d’espaces publics de qualité, porté par Altarea Commerce, Les Jardins de la Pardieu à Clermont-Ferrand (Etixia) qui veut convertir un site d’entrée de ville en espace multifonctionnel (commerces, services publics, bureaux et parcours intergénérationnel), ou encore, la Compagnie de Phalsbourg qui réaménage le centre commercial Paridis, situé à l’entrée de la ville de Nantes.
De l’audace et des idées, donc, exprimées par des opérateurs, tant privés que publics, qui repensent le commerce à l’aune de la ville du quart d’heure. Ainsi, les Ateliers Gaîté (URW) ont développé un écosystème commercial et solidaire à l’échelle d’un quartier et impliqué les habitants dans l’immense chantier de la rénovation de la gare Montparnasse et de ses commerces. Apsys, de son côté, a dû réviser sa copie pour son projet de centre commercial Neyrpic, situé à l’entrée de Grenoble, pour convaincre les associations écologiques locales et la collectivité du bien-fondé de son opération. Un art du consensus aujourd’hui nécessaire pour mener des actions publiques-privées cohérentes. Car le chantier est de taille et nécessite l’implication de tous, élus comme investisseurs, pour réinventer la ville.
Le commerce, éternelle métaphore du vivre ensemble, est, plus que jamais, la vitrine des mutations de nos modes de vie. À mi-chemin entre le digital et l’expérience physique, avec une prépondérance de l’interaction sociale (virtuelle ou réelle) et une sensibilité environnementale de plus en plus marquée. La proximité retrouve ses lettres de noblesse et la périphérie devient l’extension des villes, accessible par les mobilités douces. Une utopie ? Non, le futur proche des centres commerciaux qui deviennent des lieux de découvertes et de rencontres, mixtes et multifonctionnels, apportant à la fois du service et témoignant d’une utilité sociale et sociétale. Un projet de ville et de vie en soi, en somme, qui va bien au-delà du tout sous le même toit, servi par un urbanisme apaisé, où beauté rime avec société.
Directeur de la publication : Francis Luzin