Fin du second round. La campagne électorale passe, les promesses restent. Mais pourront-elles être réalisées? Poids de la fiscalité, contraintes budgétaires, crise européenne, instabilité législative: autant de questions qui restent en suspens et placent les professionnels dans l’incertitude. Ceux qui ont applaudi les mesures annoncées par l’ancien gouvernement, comme celle visant à abaisser les charges sociales sur les bas salaires, doivent-ils craindre, désormais, une politique moins favorable aux entrepreneurs? Une TVA sociale dont le décret a été publié le… 6?mai dernier au Journal Officiel, qui devrait être abrogée par le nouveau président de la République, François Hollande, sauf en cas de cohabitation…
A contrario, les défenseurs du pouvoir d’achat verront-ils le panier des consommateurs augmenter, malgré des perspectives de croissance à 0,7% en 2012? Difficile à prédire dans une Europe qui fait le grand écart entre politique d’austérité et relance de la croissance. Car plus qu’un gouvernement, c’est d’équilibre européen qu’il s’agit. Un événement, d’apparence anecdotique, reflète pourtant la complexité du commerce en Europe: la pénurie d’œufs.
À l’origine de cette crise, une directive européenne qui oblige la mise aux normes des installations d’élevage de volailles à compter de janvier dernier en France. Sauf que nombre de producteurs, faute de moyens financiers, n’ont pu se plier intégralement aux exigences européennes et ont volontairement réduit le nombre de leurs poules pondeuses à l’automne dernier. Résultat: 10 à 15% de poules en moins dans le circuit et une pénurie d’œufs qui favorise la flambée des prix (35% à 120% depuis janvier). Avec, à la clé, un marché sous tension, des craintes de déréférencement et une grande distribution tentée de se tourner vers d’autres marchés européens. En avril dernier, Bruxelles a pris acte de cette crise. En supprimant les restitutions à l’export pour favoriser le marché national, la Commission européenne a enrayé la spirale spéculative sur les œufs.
Une mesure dans l’air du temps, à un moment où de plus en plus de voix s’élèvent contre la financiarisation de l’économie. Mais il reste du chemin à faire. Le 16?mai prochain, François Hollande va rencontrer Angela Merkel à Berlin. L’occasion de remettre sur la table des négociations le fameux volet de croissance absent du traité européen (TSCG), une aspiration que partagent de plus en plus de pays de l’Union. Et autant d’experts, à l’image du prix Nobel 2008 de l’économie, Paul Krugman, dans un éditorial du New York Times: “La stratégie qui consiste à opter pour l’austérité prend fin, et ceci est une bonne chose.”
Loin des sphères politiques et financières, les commerçants s’interrogent. Rigueur ou austérité? Le gouvernement aura-t-il les moyens de soutenir le secteur? Tiendra-t-il enfin compte des spécificités de chaque type de commerce? Décidera-t-il des lois en accord avec les professionnels et en cohérence avec les évolutions et les besoins du secteur? À ces incertitudes, Guy Leclerc, le président de la Fédération des Enseignes du Commerce Associé (FCA) n’a qu’une seule réponse: “On verra dans un an”.
Wait and see…
Francis Luzin