“Sans façon?!”. Cette réponse devra, nécessairement, céder la place, dans les années à venir, à: “J’hésite entre une sauterelle et un termite…”
À l’occasion de la visite inaugurale du Sial, le Salon international de l’alimentation, le 16?octobre dernier, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt et Christophe Sirugue, secrétaire d’État chargé de l’industrie, ont signé un accord avec le consortium Protéines France composé des 7 plus grands acteurs français du secteur – Avril, Limagrain, Neovia, Roquette, Tereos, Terrena, Vivescia – et IAR, le pôle de la bioéconomie, chargé de la coordination et de l’animation du groupe. Objectif: promouvoir le développement de la filière française des protéines.
À la clé, un programme ambitieux sur “les protéines du futur” comme les nomme Jean-Philippe Girard, président de l’Ania, l’Association nationale des industries alimentaires, qui devrait permettre “de positionner la France parmi les leaders mondiaux à horizon 2030. La recherche et l’innovation sont les clés de notre développement”.
Ce programme stratégique national d’investissement, de développement et de soutien de la filière française s’inscrit dans le cadre des travaux du groupe “protéines du futur” initié au travers de la solution “Alimentation intelligente” de la Nouvelle France Industrielle pilotée par l’Ania. Une démarche ouverte, transversale et collaborative qui a impliqué plus de 25 structures actives dans le secteur des protéines tant animales et végétales que dans les nouvelles sources de protéines comme les microalgues, les insectes et les biotechnologies.
Car les enjeux sont là. Résolument. Comment nourrir 9?milliards d’humains en 2040 de manière soutenable pour la planète? Et comment tirer le meilleur parti de la puissance agricole de la France et de sa tradition culinaire pour faire de ce défi mondial une opportunité de développement des exportations françaises? D’autant que ce contexte de forte croissance démographique, combiné aux enjeux globaux du changement climatique et de la transition nutritionnelle, crée de nouvelles pressions sur les ressources naturelles. On estime que la demande globale en protéines augmentera de 40% dans les 15 prochaines années, soit une croissance annuelle globale de 7% par an. Alors que, pour l’heure, 1/7e de la population mondiale souffre de la faim et 1?milliard de personnes ont des apports protéiques insuffisants (FAO – Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture –, 2016).
La transition est donc urgente. Le développement mondial du marché des ingrédients protéiques (23 Mds€ en 2016) passera, nécessairement, par une différenciation des produits proposés et par une diversification de leur origine. La France a une carte essentielle à jouer dans ce défi en valorisant savoir-faire, compétences et ressources dans le respect de l’environnement. Et en développant de nouvelles sources de protéines. “Finalement, je reprendrais bien un peu de vers et de grillons”. Ou de spiruline, de steak imprimé en 3D, de poulet artificiel élevé en éprouvette à base de cellules souches…