Lors de la conférence annuelle d’analyses et prévisions économiques de Xerfi, vous évoquez la place de la France dans la reprise de la zone euro. Il y a donc une reprise? En tout cas, nous considérons que de nombreux éléments d’une reprise sont réunis. D’abord, nous assistons à un rééquilibrage de la mondialisation. La croissance est en train de se recentrer sur les pays développés. C’est quelque chose d’assez tendanciel qui pourrait rompre avec la dynamique des années 2000 où l’on a vu se creuser le gap entre les pays émergents et ceux de l’ancienne triade États-Unis, Japon, Europe. On avait alors eu l’impression que les dynamiques entre ces deux pôles n’étaient pas vraiment complémentaires. Et que les pays développés souffraient de problèmes de compétitivité et de pertes de parts de marché. De fait, la dynamique était construite sur des “global imbalances”, des déséquilibres mondiaux avec, d’un côté, une accumulation de réserves monumentale et, de l’autre, des déficits des paiements courants colossaux, notamment des pays anglo-saxons et de quelques pays du Sud de l’Europe confrontés à la concurrence des émergents. Cette dynamique était complètement insoutenable. Elle a pénalisé l’économie et contribué à la crise financière. Elle ne pouvait perdurer.Derrière ce retour à la croissance se dégage une autre tendance: nous constatons que les grands groupes sont en train de raccourcir leurs chaînes de valeur, autrement dit de faire moins appel à la sous-traitance asiatique et de se relocaliser, en particulier sur les composants intermédiaires. Cette tendance est forte aux États-Unis. En Europe, elle se dessine encore très peu. Il faut dire que côté américain, les stratégies sont affichées, ouvertes et négociées avec le gouvernement fédéral avec des contreparties fiscales attrayantes pour les grands groupes ayant accumulé énormément de trésorerie dans les paradis fiscaux. Il y a eu un donnant-donnant assez clair de l’administration Obama qui a incité fiscalement les entreprises à débloquer cet argent pour le réinvestir. Cette tendance à la réindustrialisation américaine est visible dans les chiffres. Quelque part, on revient sous leadership américain. Sans compter sur la dévaluation du yen de
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